Je ne m’en attendais pas. Non c’est pas vrai. Je m’en attendais. Mais pas là. Pas une heure avant qu’on aille à un souper avec mes amis qui venaient expressément pour te rencontrer. Pas ce jour où le soleil tenait compagnie au ciel bleu après une semaine de grisaille. Pas cet après-midi où j’étais contente de te revoir après quelques jours d’absence. Pas après que j’aie rencontré tes parents une semaine avant. Pas après que tu m’aies demandé de t’accompagner au mariage de ton ami cet été. Pas après qu’on ait fait des plans pour le futur.
Mais je m’en attendais parce que ce n’était pas la première fois qu’on en parlait. Loin de là. Depuis les premières semaines ça avait accroché, et j’aurais dû voir ça comme un signe. Comme un signe que cette relation allait merder. Mais c’est plate parce que j’y ai cru à cette relation, ou du moins j’ai voulu y croire. C’est pour ça que j’y ai mis tant d’efforts. Le nombre de fois qu’on a discuté, négocié, fait des compromis et des ajustements. J’y ai cru à ton « amour ». Bon. Ton « amour » est un bien grand mot. J’devrais plutôt dire ton « affection », car j’pense même pas que tu m’as déjà « aimée ». Mais écoute, rendu à ce point-ci, on s’en fout.
J’ai fini par me dire « tant pis ». Tant pis pour toi. Rendu là, j’ai même pas essayé de te retenir. Les mains dans les poches, je voulais simplement que tu ramasses ton chandail et ta brosse à dents, unique preuve de ton existence dans mon appart, et que tu traverses ma porte pour ne plus jamais te revoir. Tu sais, j’ai même fini par avoir l’impression que tu m’avais menti. Pas par malhonnêteté, ni par jalousie, mais plutôt parce que tu semblais tellement vouloir te convaincre, probablement avec tous les meilleurs sentiments et intentions du monde, mais j’ai fini par me dire que notre peu de relation était basé sur rien. Tu t’es menti à toi-même et par le fait même à moi aussi. Alors, tant pis.
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