Toi + moi = nous

Au début, y’avait un moi pis un toi. Y’avait moi qui faisais et aimais certains trucs. Pis toi qui faisais et aimais les tiens de son côté. Puis, quelque chose, quelque part a fait en sorte qu’on se rencontre. Un sourire timide ou à pleines dents, un clin d’œil coquin ou moqueur, un regard intense ou curieux et les astres se sont alignés. Nos étoiles se sont saluées, et un truc s’est enclenché dans nos corps. Un papillon dans l’estomac, un nœud dans la gorge, du rouge sur les joues, ou encore (pourquoi pas) une bosse dans le pantalon.

Par la suite, peu importe les raisons pour lesquelles nous nous sommes revus, il y a quelque chose qui s’est développé entre toi et moi. Une tendance où moi voulais en savoir plus sur toi. Soudainement, ce que moi aimais se modifiait pour ressembler de plus en plus à ce que toi aimais. Et vice-versa. Enfin, plus rien à l’extérieur de moi et toi n’existait. C’est ce qu’on pourrait appeler le premier nous. Égoïste, égocentrique, exalté, euphorique : ce nous qui se fout de tout. Qui se fout des autres, qui ne veut consommer que son propre amour, son propre bonheur. Comme si ce nous était le premier des nous à exister. Ce nous où nos deux corps sont de trop. Où ces deux corps ne veulent faire qu’un.

Puis un beau jour, ce nous perd en altitude et redescend doucement sur terre. Peu à peu, moi et toi reprennent leur corps respectif. Ils évoluent et apprennent à se connaître réellement. Au fil du temps, un deuxième nous s’installe. Cette fois-ci, c’est celui où le moi et le toi s’imbriquent. Plus seulement physiquement, mais au niveau des aspirations, des projets et des rêves. Moi prend en compte toi. Et vice-versa. Moi et toi deviennent un tout. Tout en gardant leur propre identité, ils deviennent ensemble une autre entité. Une entité qui carbure à l’un et l’autre.

Et le temps passe. Et le nous est assez fort et solide pour faire place à un il ou un elle. Parfois sur un coup d’tête, parfois par passion, par oubli, par erreur ou pour garder l’autre, un il ou un elle vient s’ajouter au nous. Et ce il ou elle vient ébranler le moi et le toi : ce qu’on croyait savoir de l’autre, ce qu’on pensait être, ce qu’on croyait être important. Ce il ou ce elle vient secouer nos certitudes, écraser nos repères et c’est dans ce no man’s land qu’ensemble se bâtit un troisième nous.

Moi+toi=nous3. Ce sont ces nous confondus qui participent à la plus belle de toutes les équations possibles et imaginables.

[Source de l’image : Photo 71 par Gaurav Vaz]

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