À toi qui viendras au monde

 

Tu n’étais encore qu’une minuscule cellule que déjà, je me plaisais à imaginer ce que tu allais devenir. Une petite tannante aux cheveux bouclés? Un petit homme doux et attentionné aux yeux bleutés? Un enfant monstre qui m’en ferait voir de toutes les couleurs (t’sais, d’un coup que le karma s’en mêle…)? Quelques nausées et kilos gagnés plus tard, nous voilà arrivés dans les derniers milles. Moins de 10 semaines avant de poser les yeux pour la première fois sur ton petit visage. Moins de 10 semaines avant que ma vie tourne la page sur un nouveau chapitre.

Mais, tu sais quoi? Bien que j’aie hâte de te voir, de te cajoler et de te bombarder de bisous dans tous tes plis de bébé, je ne suis pas pressée d’arriver à terme. Après 30 semaines de grossesse, je n’ai pas envie de perdre mon petit colocataire. Au début, incertaine de cette sensation d’un être vivant grandissant en moi (c’est quand même un feeling particulier, disons-le), j’ai vite apprécié ta présence dans mon bedon. J’ai pris goût à tes séances de karaté quotidiennes et à tes culbutes étonnantes qui font de mon ventre une annonce d’Activia en permanence. Je raffole de nos petits high five à travers ma peau. Comme si, chaque fois, tu venais rassurer Maman que tu es bien dans ton petit logis. Je ne peux m’empêcher d’être fascinée quand tu viens te blottir tout contre la grande main chaleureuse de Papa. Comme si tu venais y chercher du réconfort. Égoïstement, j’aimerais te garder encore longtemps dans mon intérieur, car je sais que tu ne manques de rien. Je te sais en sécurité, à l’abri des grands méchants loups et des vilains monstres qui se cacheront plus tard sous ton lit.

Heureusement, je sais que tous ces petits bonheurs seront remplacés par d’autres encore plus grands. Et, c’est pour cela que j’ai tout aussi hâte que tu sois parmi nous. Pas seulement parce que Papa n’en peut plus d’attendre de te prendre dans ses bras, mais aussi pour ressentir le bonheur de t’admirer enfin. Scruter à la loupe tous les centimètres de ton petit être et te trouver beau. Découvrir que tu as les yeux de Maman ou le petit nez de Papa. Apprendre à se connaître tout doucement. Sourire devant tes multitudes découvertes de tes premières semaines de vie et rire (ou moins rire…) devant ton féroce petit caractère.

Au fond, l’idée de te garder éternellement dans mon bedon me sécurise. C’est une réalité à laquelle je me suis habituée et que j’ai maintenant peur de quitter. Car quitter un confort dans lequel on s’est bien installé pour vivre quelque chose que l’on ne connaît pas, vivre l’inconnu, c’est parfois effrayant. Mais sache que, dans la vie, il est normal d’avoir peur. Quelques fois, on a besoin de se retrousser les manches pour avancer avec confiance; l’important est de se laisser porter par la vague peu importe les craintes que l’on a. Elle finit toujours par nous transporter là où il se doit.

Bien entendu, j’espère que tu resteras blotti dans mon ventre encore quelques semaines, car il est encore tôt pour un petit homme comme toi d’affronter le grand monde. Mais, peu importe le moment que tu décideras de te montrer la binette, et malgré les petites craintes de Maman (je devrais éviter de visionner en boucle les vidéos d’accouchements sur YouTube…), je serai prête à t’accueillir dans ma vie, et ce, avec tout l’amour du monde.

[Source de l’image: Pexels]

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