Vivre seul, vivre une vie sans amour, finir ses jours sans trouver celui ou celle qu’on cherche tant, est-ce possible? Juste poser la question me fait frémir, me donne des frissons dans le dos. Je ne veux pas cumuler encore plus d’étés, de Noëls, de Saint-Valentins, d’anniversaires, de froids hivers seule. Chaque fois, je me dis que c’est le dernier Noël, que c’est la dernière année. Que l’an prochain, il y aura quelqu’un avec qui partager ces moments familiaux, ces moments où on aimerait, nous aussi, avoir l’être cher à nos côtés.
On en parle partout. Dans les films, les livres, les chansons, les médias. Tant de gens l’ont trouvé. On doit bien avoir tous droit à cette chance un jour, hein? Ça ne se peut pas que je ne trouve pas, que la place à mes côtés reste vacante à jamais… n’est-ce pas?
Et si c’était possible? Que jamais je n’allais trouver? Combien de dates j’ai pu avoir depuis le début de mon célibat? Je n’aime mieux pas compter. Juste la vague idée du chiffre me donne des nausées. Comment on peut rencontrer autant et toujours revenir bredouille?
****
Jeudi soir, 30 degrés, soleil ardent.
Je suis assise au lac, livre à la main, quand l’angoisse et l’ennui se fondent en moi. Je regarde autour : des gens âgés, des couples qui se tiennent la main, une femme enceinte, une fille sur son portable.
Jeudi soir, je tombe en congé pour quatre jours. Quatre belles journées réservées que pour moi, et pourtant, mon cœur ne frétille pas de bonheur.
J’ai le vague à l’âme. L’été qui s’en vient ne me réchauffe pas le cœur. Il me met face à la solitude, face à ma vérité.
C’est jeudi soir, et mon compagnon est un bouquin de 300 pages. Pas par choix, mais par dépit, et c’est ce qui m’attriste.
Après des années de célibat, j’en ai profité de la liberté. J’ai apprécié mes soirées avec moi-même. Mes tête-à-tête en ma compagnie les lundis comme les samedis. Je les ai fait mes constats, mes cheminements, mes apprentissages.
Je ne souffre pas de ce manque criant de la mère de famille qui ferait n’importe quoi pour aller seule à la toilette.
Je peux prendre un bain de trois heures, et ça ne changerait rien. J’en sortirais pour écouter ma série préférée, manger ce qui me plaît et me coucher quand l’envie me fait.
Je l’ai goûté, le plaisir de marcher seule, d’aller à la plage, de faire toutes les activités dont j’ai envie.
***
Parfois, j’y crois encore, que moi aussi, un jour, je pourrai rencontrer mon roi. Et je l’attends. Souvent avec impatience, parfois avec la chienne. La chienne de ce que je vais ressentir, la chienne de le manquer, de ne pas être adéquate le moment venu, la chienne de me tromper.
Comment le reconnaît-on, ce roi? Quand sait-on que c’est le bon? Clairement, je ne dois pas avoir les bons indices, parce qu’il m’est arrivé de croire que je l’avais trouvé et de toute évidence, je me suis royalement fourvoyée.
Alors, dites-moi : peut-on vraiment finir nos jours sans avoir trouvé le grand amour? Sans avoir trouvé notre perle rare, cet être qui nous illumine à la moindre pensée?
Je crois, (lire : j’espère tellement!) qu’un jour je vais regarder en arrière, relire ce texte et rire que j’aurais même pu avoir cette pensée.
L’amour existe, l’amour persiste, l’amour nous entoure… n’est-ce pas?
[Source de l’image: Pixabay. Donteras]in