Pour plusieurs, c’est un déclic. Ça se passe en une fraction de seconde, sans prévenir. La vie semble changer, les couleurs sont plus vives, les maringouins ne t’énervent plus. Tu le sais, c’est certain: c’est lui, l’homme de ta vie. Pour d’autres, ça vient avec le temps. Des années de complicité, de partage, d’écoute. Une recette gagnante, qu’il faut préparer doucement. Des ingrédients importants qu’il ne faut pas mélanger trop fort ni trop vite. Lentement, mais sûrement.
Comment fait-on pour savoir si l’on est avec la bonne personne? À mes yeux, l’âme sœur n’existe pas; le destin encore moins. Ça part raide, tu trouves? Pas du tout. En fait, ça simplifie beaucoup de choses. Ça responsabilise, aussi. Nous sommes deux personnes, dans notre relation. Nous seuls pouvons choisir notre bonheur.
Pour moi, le déclic s’est passé dans le pub de mon quartier. Nous étions trois: une amie, celui qui deviendrait mon mari et moi. Nous étions révoltés, comme nous l’étions souvent, dans ce bar, à cette époque-là. On parlait de grands projets, de se réinventer, de redessiner le monde dans lequel on vit. On a même dressé notre bucket list (liste de choses à faire avant de mourir), remplie de sauts en parachute et de rêves de bébés. L’avenir était à nous. Mais comme ça peut arriver dans ce genre de soirée, un cynisme s’installait dans nos échanges; nous étions tous les trois célibataires, nous méprisions les nouveaux couples, se moquant des gens de la banlieue (même si nous aussi, on vit en banlieue), en criant trop fort dans un bar sans ambiance, le dimanche soir. Mon amie était en peine d’amour d’une longue relation qui lui avait éclaté au visage. Mon futur chum était célibataire depuis toujours; inaccessible, indépendant, charmeur. Moi, j’avais l’espoir du conte de fées tatoué dans le front.
Pour détendre l’atmosphère ou pour nous impressionner, l’Homme a sorti une petite balle rouge de la poche de sa veste multicolore. Nous le regardions, sourcils levés, condescendantes. Et il a fait un tour de magie: la balle tenait dans sa main, qui était face au sol. Il défiait la gravité.
Mon cœur a fait une pause, un silence, trop long pour ma partition. J’ai paniqué, en pensant qu’il s’arrêterait là, le pauvre. Mais quand il a recommencé à battre, c’était tellement fort que j’ai su. Clic.
Je ne crois pas au destin ni à l’âme soeur. Je pense qu’on choisit d’aimer quelqu’un, en connaissance de cause, de par notre expérience et nos rétablissements de relations moins glorieuses. Mais on cherche tous la même chose: la magie.
[Source de l’image: black-and-white-man-person-street-art ]
Wow j’adore
Merci beaucoup!