Le même surnom à tous tes chums

Cette semaine, je me suis interrogée sur les nouvelles relations. Étant moi-même en train de bâtir quelque chose qui a bien envie de ressembler à l’amour-qui-dure-toujours, je me questionne : quelle part de moi reproduit systématiquement ce que j’ai vécu dans mes couples d’avant, indépendamment de la nouvelle personne avec qui je suis?

Je m’explique. Premièrement, chaque chum que j’ai eu a mérité un surnom. Un petit nom d’amour qui le définit, auquel il répond, et qui fait comme un petit je t’aime chaque fois qu’il est prononcé. Le genre de marque d’affection qui disparaît, quand ça tourne au vinaigre. J’ai remarqué qu’il peut arriver, sans que l’autre ne s’en doute, que les surnoms deviennent… un bien commun. Évidemment, certains d’entre eux sont hyper personnalisés donc impossibles à transférer d’un amoureux à l’autre; les plus génériques, eux, semblent appartenir à tous. Pis tsé, c’est pas comme si je me trompais dans leurs prénoms. Le nouveau chum ne connaît pas les surnoms qui étaient donnés à celui qui jouait son rôle, avant qu’il entre en scène. Mais moi, oui. Moi, je sais que si je t’appelle du même surnom que mon ex, c’est étrange.

J’ai décortiqué tout ça, les yeux grands ouverts en pleine nuit, pour me rendre compte que ce n’était pas l’amour de l’ancienne relation qui se transférait automatiquement au prochain joueur, mais bien le décorum que la relation implique. C’est comme si mon cerveau se mettait en mode relation : il sort ses gants blancs, ses surnoms d’amour pas trop personnalisés et recommence à s’ennuyer de quelqu’un. Pour moi, le cadre du couple, c’est ça : mots d’amour, cerveaux en télépathie et écoute patiente et délicate. Ainsi, dans un nouveau début de relation, la machine repart, fidèle et bien huilée.

Deuxièmement, j’ai été confrontée à des habitudes de couple qui sont impossibles à transmettre, de relation en relation. Par exemple, des affaires qu’on aimait faire avec nos ex, mais qu’on n’aime plus faire ensemble. Des loisirs qui semblent appartenir aux anciens amoureux, impossibles à reproduire maintenant. Tel restaurant ne doit plus être fréquenté; tel hobby n’a plus sa place ici.

Puisque je crois que l’amour triomphera toujours, des fois je me dis que c’est sa façon de nous empêcher de faire notre deuil. Que c’est bien l’Amour qui décidera quand les lieux ne seront plus hantés, quand les jeux de mots qu’on faisait avant arrêteront de résonner, quand on pourra finalement retourner dans notre magasin préféré, libre de l’emprise des souvenirs. Pour en arriver là, ça prend du temps, de la patience pis un peu de sagesse. Il ne faut pas se choquer contre l’amour qui ne semble pas complètement disparu; après tout, où veux-tu qu’il aille, tout cet amour que tu as ressenti pour ton ex, ailleurs que dans les petits refuges que vous aviez créés pour lui?

Jusque-là, il reste juste assez de temps pour trouver des nouveaux surnoms et ainsi, continuer la chaîne infinie des souvenirs amoureux.

 

[ Source de l’image: Pexels ]

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