Échec et mat

J’ai placé l’échiquier sur la table. J’ai ensuite placé chaque pièce à sa place, bien au centre de leur case de départ respective. Puis, je t’ai attendu. J’ai attendu que tu viennes t’asseoir pour jouer avec moi. Au début, cela a pris un temps, mais je suis patiente donc je t’ai attendu. Je me suis distraite en me disant que je ne voulais pas vraiment jouer et qu’il me prendrait bien moins de temps de serrer le jeu dans sa boîte que de l’avoir placé sur table. Puis finalement, tu t’es pointé. À partir de ce moment, le jeu pouvait commencer.

Par politesse, je t’ai laissé débuter la partie. Tu as commencé prudemment en envoyant tes pions. À coup d’une case ou de deux, tu as timidement ouvert ton jeu. J’ai fait de même, puis après quelques minutes, j’ai envoyé se balader mon fou pour détendre l’atmosphère. J’ai bien sûr étalé mon cavalier avec fierté pour te défier amicalement. J’ai même avec assurance sorti ma reine, car que je n’avais rien à perdre. Pour ta part, tu prenais ton temps pour jouer. Chaque coup semblait compté. Chaque pièce assurait ses arrières. Il y a eu quelques échanges où on a fini par capturer des pièces de l’autre. Après quelque temps de jeu, alors que je croyais commencer à connaître ta tactique, tu t’es mis à te rétracter et à faire un écran avec tes pions.

Un à un, ils se sont figés. Les autres pièces ne sont devenues que figurantes et se déplaçaient entre tes pions sans tenter de venir à la rencontre de ma reine. J’ai donc dû ouvrir mon jeu davantage et venir à ta rencontre. Encore une fois, rien à perdre, je suis même allée jusqu’à te mettre en échec. Rendu à cette étape, tu as eu un regain d’énergie et tu as réussi à capturer mes deux fous, un cavalier et une tour. Mais tu es rapidement retourné à ta tactique d’écran de protection.

Plus certaine de ma tactique qui maintenant me déstabilisait moi-même, j’ai fait comme toi et j’ai opté pour l’effet miroir. J’ai opté pour l’effet miroir pendant un temps, ce qui a fait qu’aucune de nos pièces n’étaient réellement en danger, car elles n’allaient pas à leur rencontre. Ce fut drôle pendant un temps, jusqu’à ce que je m’aperçoive que tu ne changerais pas de tactique. À ce stade, j’aurais pu juste me lever, cesser de jouer avec toi et partir sans un mot parce qu’en fait, on ne se connaissait pas tant que ça. Mais j’suis pas une lâcheuse, donc j’ai terminé la partie. J’ai puisé dans mes retranchements, et ma reine est sortie pour te mettre en échec une seconde fois. Mais cette fois, tu n’avais pas les armes pour te défendre. Tes pièces étaient trop loin. Trop éparpillées. Et je t’ai mis échec et mat.

 

[Source de l’image : Pixabay]

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