À toi… à qui j’ai dit ces mots

Pour être franc avec toi, je n’y croyais plus. Tu aurais pu, comme tous ceux et celles qui m’entourent, me dérouler la liste de tous les dictons possibles d’espoir et de patience que rien n’aurait changé. Mon idée était faite. J’étais blessé comme un chevreuil qui venait de se faire frapper par le 10-roues de l’amour, aveuglé par les mauvais souvenirs de toutes ces relations passées, désabusé par ce que je voyais autour de moi, de voir ces gens s’envoyer des « je t’aime » pour atténuer leur mépris, pour éloigner leur solitude, pour cacher leur culpabilité. Ils ont probablement, eux aussi, oublié ce que signifiaient ces mots, préférant les utiliser pour nourrir très grassement mon cynisme et celui de mes semblables sur le sujet. Ça faisait un bail que je n’étais pas allé prendre un verre avec Cupidon. J’avais placé sa photo sur le tableau de dards parce qu’il n’avait tiré qu’une seule des deux flèches lors de ma dernière histoire, me laissant le fardeau de tout faire marcher seul. Ce n’est pas que je ne voulais pas, je voulais peut-être même un peu trop…

Et puis voilà, par une suite d’événements plutôt imprévisibles, je me suis retrouvé devant chez toi bien blotti dans ma nonchalance jusqu’à ce que tu m’ouvres la porte, jusqu’à ce que je te vois de mes yeux pour la toute première fois.

Silence radio. J’ai complètement perdu contact avec tout ce que je suis l’espace d’un moment, complètement hypnotisé par le plus magnifique des sourires qu’il m’a été donné de croiser. Franc, vrai, bordé de ces lèvres rosées mises entre parenthèses par ces fossettes craquantes. Je croyais avoir été discret, ce n’était qu’un tout petit moment. Mais tu l’as remarqué et tu m’as rebranché, d’un air amusé, en posant ta main sur mon bras avant de t’avancer pour le traditionnel deux becs sur les joues.

« Donne-moi une petite minute et je suis prête ».

Je n’allais pas te la refuser, j’étais encore en train de me ramasser la mâchoire. Qu’est-ce qui venait de se passer? Je ne me rappelais pas avoir vécu pareille situation par le passé.

Sans le savoir, tu venais de réussir le plus grand des tours de magie. Comment as-tu fait? Tant de filles s’étaient buté le nez au pied des barricades que j’avais levées autour de mes sentiments. J’étais fier de cette forteresse, j’en étais même venu à me convaincre qu’elle était à toute épreuve et que personne ne la percerait jamais.

C’était complètement imprévu, impulsif. De la spontanéité dans ce qu’il a de plus pur.

Les jours se sont ainsi enfilés, faisant abstraction du temps. De l’extérieur, tout était si simple. J’étais juste bien, collé contre toi. Tu t’étais fait une petite place entre mes bras, la tête appuyée contre moi. Je prenais plaisir à te regarder fermer les yeux dans ce petit confort qu’on s’est construit. Ma sauvagerie habituelle s’était métamorphosée par ce besoin d’être avec toi, de partager cette douceur et cette intensité.

Tout est allé si vite jusqu’à ce que je ne puisse plus les retenir. Ces mots que j’avais tenté d’oublier, ceux que je craignais tant parce qu’ils rendent si fragile. J’étais devenu vulnérable et je ne voulais pas me l’avouer et surtout ne pas te l’avouer.

« J’ai quelque chose à te dire. Je ne sais pas trop comment te le dire… »

Tu m’as souri, et c’est là que m’est venue la force de foncer. J’ai compris que ce sentiment est complexe parce qu’il fragilise, mais rend également plus fort. Ce qu’on ne ferait pas pour cette personne qui nous est chère. J’ai envie de mettre mes peurs de côté, de vivre ces moments qu’on partage à deux. J’ai envie d’arrêter de regarder en arrière et de me projeter dans le futur avec toi. J’ai envie qu’on fasse équipe ensemble parce que je suis persuadé qu’on serait la meilleure des équipes à notre façon.

C’est là que j’ai compris que les retenir m’était inutile. C’est pour cette raison que je t’ai prise dans mes bras, au milieu de tous ces gens pour finalement te le dire…

« Je t’aime… »

 

Oli.

[Source de l’image : Love de Pascal Leduc]

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