S’aimer à l’hôpital

Je ne pensais jamais écrire là-dessus, comme on ne pense jamais tomber malade. Pourtant, j’ai déjà été malade, tout en étant amoureuse. Mais c’était très différent de cette histoire-là.

Il était une fois, l’amour au temps des urgences. Une très jolie demoiselle, qui ne peut que se reconnaître, est tombée amoureuse d’un homme bien particulier. N’étant pas tout à fait prêt à s’investir, l’homme naviguait quand même sur le long fleuve tranquille que proposait la belle fille. Plusieurs années plus tard, leur relation  pris des allures de gyrophares… Une étrange maladie s’était emparée du garçon.

Il y eu des prises de sang, des examens, des convulsions, des drains… Et le coeur de l’homme refusait de passer son tour. Malgré l’enfer que vivait son corps, le coeur de l’homme battait toujours plus fort.

Une file infinie d’amis reliait sa porte de chambre des soins intensifs, à l’ascenseur, au petit bistro plate, à la machine à payer le parking… Nous y allions, comme pour nous rassurer nous-même, puisqu’il faut bien aller voir les gens que l’on aime, quand ils sont malades.

Mais l’amoureuse était toujours là, à son chevet, à lui donner à boire et à manger, à éponger son front, en lui chantant des chansons. Nous y allions pour elle, aussi, ne sachant plus qui des deux était le plus courageux.

Dans la chambre d’hôpital la plus belle d’entre toutes, où les prises de sang et la morphine ne font plus peur à personne, ils se sont aimés. Sur cet étage où la mort prend beaucoup plus de place que l’amour, eux, ils se sont aimés et s’aiment encore.

S’aimer, malgré la maladie, c’est clairement plus fort que tous les bouquets de fleurs de bords de fenêtres.