Cent mots

Généralement, c’est moi qui quitte la première. Je suis celle qui ouvre une brèche au sein de notre couple et qui y lance un explosif. Je ne le fais pas sans larmes ni pleurs, mais moi je suis du genre à préférer choisir le moment où ça va faire mal. Que le pansement qui protège maintenant plus ou moins la plaie soit retiré lorsque je le déciderai et qu’enfin, la blessure soit exposée à l’air ambiant.

Je suis celle qui lâche ta main et qui appose le mot « fin » à notre relation. Cela se fait rarement sans mille et une questions et sans épilogue. Bah oui, quasiment comme dans les films. On ne s’est pas parlés depuis la rupture. Il était seul, j’étais seule. On s’est ennuyés. On s’est demandé si c’était la meilleure chose. On a repensé au « avant ». On a été nostalgiques (déjà à notre âge), puis on a regretté.

Puis, j’ai eu mal au cœur. Ce cœur représenté en dessin tel qu’on le connaît et qu’on trace depuis qu’on sait tenir un crayon. Celui qu’on veut égal de chaque côté. Celui qu’on ajoute au bas d’une lettre (maintenant, c’est dans un message texte) pour signifier « je t’aime ». Bref, c’est celui qui bat au fond de moi. Lui qui régit une partie de mes émotions. Lui qui se brise en deux ou en mille morceaux et que je dois panser pour pouvoir mieux penser.

J’ai toujours préféré lâcher ta main avant que tu ne le fasses, parce que j’ai toujours su au fond de moi (ou j’ai toujours voulu croire) qu’en cas de tempête, tu lâcherais la mienne et me laisserais seule avec mes tracas et mon incertitude. J’ai parfois préconisé cette méthode pour m’emmurer dans un silence au lieu de te dire tes quatre vérités, qui pourtant aurait été probablement bénéfique pour nous deux.

J’ai pensé cent fois mes mots pour t’annoncer notre rupture. Pour te remettre en pleine face ce que t’as fait, ce que t’as pas fait, ce que t’aurais dû faire, ce que j’aurais aimé que tu fasses. À l’envers, à l’endroit. En commençant par la fin. Devant le miroir, dans ma tête. Dans l’autobus, en marchant, à l’école. Mais ça, je ne l’ai jamais dit et je t’ai laissé en plan. Sans mots.

 

[Source de l’image : Burak Kostak]

 

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