Pourquoi choisir l’amour aujourd’hui?

Pourquoi faire un choix parmi la diversité offerte? Pourquoi prendre le risque de s’ouvrir l’âme et le cœur et par le fait même, prendre le risque de se faire blesser? Pourquoi se contenter de deux pupilles et d’une paire de bras alors qu’on peut en avoir six? Pourquoi s’ancrer dans le quotidien avec une seule face alors qu’on peut voyager à l’infini avec mille visages? Pourquoi se contenter de la même odeur, des mêmes regards et des mêmes sourires? De toute manière, l’amour existe-t-il encore aujourd’hui? «Tout le monde autour de moi semble se tromper et entretenir des relations en parallèle. L’autre soir, Marie m’a dit que son chum était tombé sur les messages textes qu’elle échange avec le gars de sa job. C’était digne de la troisième guerre mondiale. En plus, tous les billets que je lis sur les blogues parlent de ce genre de trucs et au nombre de personnes qui les partagent, je me dis que l’amour doit être rendu triste en TA». Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple?

Je vais te le dire, pourquoi.

Car prendre le risque de s’ouvrir, c’est beau. Imagine que t’es un albinos pouvant enfin aller au soleil. C’est un peu la même chose. C’est périlleux, c’est sûr. Mais ça vaut la peine. Malgré les craintes et l’angoisse de peut-être brûler. C’est prendre le risque de sauter dans le vide. Le sol peut être composé de guimauves moelleuses comme des Calinours ou de roches aux sommets pointus. Mais si tu ne sautes pas, tu ne sauras jamais ce que tu manques. Et on est souvent récompensé lorsqu’on se met en danger. Car oui, l’amour c’est se mettre en danger. On est loin du confort et de l’indifférence.

Ça fait peur. C’est effrayant. C’est donner un accès libre à un autre que soi, mais c’est aussi avoir accès à un autre humain. C’est devenir responsable de quelque chose. Et on n’a pas souvent la chance de vivre ça. On n’a pas souvent la chance de faire assez confiance pour ouvrir le manteau contenant nos bobos ; de les partager, de les guérir. Car si l’amour peut briser, il peut aussi soigner bien des choses. C’est avoir le privilège de pouvoir mettre la raison de côté. C’est avoir le droit de vivre un sentiment de façon exagérée. Car il faut aimer exagérément. Tout le temps.

C’est se donner le droit de marcher sous la pluie à 3h00 du matin pour aller coller un message dans la fenêtre de l’autre sans passer pour une cinglée. C’est avoir le droit d’être cute sans que ce soit louche. Et ça aussi c’est assez exceptionnel. On se méfie tellement de tout aujourd’hui qu’on finit même par se méfier de nous. C’est passer des soirées à faire des marathons d’albums de Karkwa, en s’entendant même sur le fait que Louis-Jean Solo était meilleur avant de l’être, solo. Même lui est meilleur en équipe.

Choisir l’amour, c’est trouver le sourire de l’autre adorable même si ses dents sont croches. C’est revoir sa définition d’esthétisme. C’est prendre le droit de détruire les stéréotypes. C’est s’assurer qu’il y ait toujours au moins un bout de peau qui se touche dans le lit la nuit venue. Peu importe que ce soit juste une orteil ou un bras ; tant qu’il y ait un échange de chaleur. Tant qu’il y ait un «J’suis là». Et savoir qu’un autre est là, dans une proximité aussi rapprochée, ça fait sourire. En fait, l’autre est là même quand il ne l’est pas. Et ça, ça fait sourire encore plus. Au point où tes palettes sèchent tout le temps.

C’est soudainement accorder une valeur à un «J’aime» en particulier sur Facebook. Le sien. Parce que vient toujours le moment où les 200 «J’aime» te font juste sentir à quel point t’es seule, dans le fond. À quel point ce jeu de fausse popularité virtuelle ne vaut rien, ne donne rien. Disons que les «J’aime» sur Facebook ne font pas des enfants forts. C’est bon pour l’égo, mais l’égo fait toujours son temps et arrive toujours cet instant où t’as besoin de vérité.

Choisir l’amour, c’est aussi nouer ta main dans la sienne malgré les 25 degrés à l’ombre, parce que partager de l’humidité avec lui a quelque chose de pas pire du tout. En fait, c’est même très bien. C’est aussi avoir un auditoire aux premières loges pour t’écouter chialer sur tout et sur rien, ce qui libère tes amis Facebook de tes plaintes quotidiennes à propos du service pourri de la STM. Et en plus de t’écouter, il va participer. C’est avoir le cœur qui menace d’exploser lorsqu’il vient te chercher au travail, même si c’est à pied, et avoir le sourire qui te fend la face de gauche à droite comme si tu ne l’avais pas vu depuis trois siècles même si tu l’as vu il y a huit heures. C’est se donner le droit de croire en quelque chose de plus grand que soi. Et tout le monde mérite ça.

Comme dirait mon copain, dire «Je t’aime» à quelqu’un, ça veut dire «Bienvenue dans ma vie, si tu veux», et tout le monde mérite d’être accueilli à bras et à coeur ouverts dans la vie de quelqu’un d’autre. Tout le monde devrait avoir droit à des épisodes de chair de poule réciproques, à des fronts qui se collent et à des mains qui se lâchent pas. Tout le monde devrait avoir le droit de se faire dire «Je t’accepte, toi, au complet. Sans demi-mesure» ; on devrait tous avoir quelqu’un qui nous prend la tête avec ses deux mains dans les moments difficiles en nous disant «Je te lâcherai pas».

Enfin. Je pourrais écrire mille autres raisons. Mais la plus importante est sans doute que l’amour donne le droit d’«être», tout simplement.

[Source de l’image : Love ya! par wilB]

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