On a tendance à croire, qu’une fois qu’on est en couple stable et que notre bateau vogue tranquillement sur le beau et long fleuve de l’amour, qu’on n’a plus rien à faire. Qu’on a réussi à la loterie de la vie. Qu’on peut se laisser aller tranquillement en sachant que notre partenaire va toujours nous aimer et que c’est réciproque à jamais. Mais c’est loin d’être le cas.
Vois-tu, cher lecteur, j’ai peur de devenir matante.
Je me vois en train de cuisiner des muffins, de lire des blogues de design d’intérieur et d’aller regarder, un peu trop longtemps, les photos des robes des actrices aux Oscars. Je devrais rester confortable, mais la peur se jette sur moi telle une vague que je n’avais pas venu venir, à bord de ma barque d’amoureux.
La peur de ne plus être sexy, désirable et sensuelle.
De devenir comme toutes les autres femmes en couple depuis trop longtemps. De me laisser aller, de chialer après mon chum pour des niaiseries et de devenir l’ultime matante : La Germaine. Lyne-la-pas-fine. Etc.
Me semble que ça ferait un bon film d’horreur : LA MATANTE. Iish. J’en ai déjà des frissons en dessous de ma robe à décolleté pas si plongeant que ça.
Je suis en conflit constant avec la femme sensuelle que je devrais être et la matante. Entre celle qui se fait belle pour plaire et l’autre qui veut juste rester effoirée en linge mou devant son laptop. J’essaie de trouver un équilibre entre les deux, mais c’est loin d’être simple.
Parmi le peu de certitudes que j’ai dans la vie, c’est le concept de la « balance ».
La vie, ce n’est jamais complètement noir ni complètement blanc. C’est une nuance de gris. Si tout devient noir, on ne voit plus rien. Si tout est blanc, on est vite aveuglé.
J’essaie donc de balancer la moi-sexay avec la moi-matante.
C’est peut-être pour ça que je me force à porter des jupes dans mon salon, même si ce serait plus confortable dans mon pyj à motif léopard. C’est aussi pour ça que je me maquille, même si ça ne me tente pas tout le temps. J’essaie de créer une balance entre mes deux alter ego.
Je me dis que, si j’ai cette peur, je ne dois certainement pas être la seule : on aspire toutes à être désirable! On le sait qu’on ne l’est pas tous les jours, mais on fait l’effort de l’être, car on a besoin de plaire et de se sentir vivant.
Dans le fond, on n’a pas vraiment peur de la matante.
On a juste peur de ne plus exister aux yeux des autres et de ceux de notre partenaire amoureux.
On a surtout besoin de s’aimer. Et ça, ça veut aussi dire d’aimer la matante fatigante qui nous habite.
Une chance qu’elle fait des maudits bons muffins.
[Source de l’image principale par: Pixabay]