L’autre, c’est moi

Quand je repense à toi, j’en ai des haut-le-cœur. Ça vient par vague. Le vertige me prend, et mon premier réflexe est de penser à autre chose, parce que j’ai pas envie de repenser à cette autre que j’ai été. Celle qui vous accompagnait, toi et ton ego incommensurable. Celle qui souriait poliment partout où on allait pour ne pas déplaire. Celle qui aurait fait des pieds et des mains, malgré le peu que tu donnais en retour. Parce que toi, contrairement à moi, tu comptais. Autant les poids que tu soulevais devant le miroir que ton temps, tes gestes et tes je t’aime. Ces trois mots étaient pesés, soupesés puis échappés, souvent au moment où je pensais retirer ma main de la tienne pour te quitter. Ces trois mots suffisaient à me retenir et à me redonner espoir pour parvenir au prochain mois de notre relation. Au début, c’est cute de compter les mois, mais au bout d’un temps, se demander chaque jour si on atteindra le prochain ensemble, ça devient lourd.

Ma tête et mon cœur sont deux choses distinctes que j’essaie maintenant de raccorder. Quand j’étais avec toi, ma tête a voulu me convaincre que j’étais bien et que j’inventais des broutilles, tandis que mon cœur s’est souvent laissé prendre à rêver. Quand je tentais de les accorder, ils se disputaient et mes yeux pleuraient. Avec le temps, j’ai compris qu’il faut regarder la réalité en face, malgré que cette réalité puisse être teintée de larmes. Cette réalité n’était pas invivable ni violente, mais faisait de moi une autre personne. Une personne que si je devais la rencontrer, je lui dirais de faire attention à elle. Qu’être en couple ne veut pas dire de s’oublier pour marcher dans l’ombre de quelqu’un. Qu’être en couple, c’est sensé être enivrant, où chacun se sent bien et respecté au travers des aléas du quotidien.

Quand enfin je me regarde dans le miroir, je vois aussi toutes ces autres que j’ai été pour différentes personnes. J’essaie de n’en retirer que les aspects positifs et de mettre sur le banc de punition les aspects plus négatifs. Je ne veux pas simplement les oublier, mais plutôt m’y attarder pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Des erreurs qui par chance ne sont pas marquées au fer rouge, mais témoignent de temps moins heureux. Malgré tout, je n’effacerais pas ces relations parce qu’elles m’ont permis d’être celle que je suis aujourd’hui : c’est-à-dire, moi.

[Source de l’image : PublicDomainPictures]

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