Le monstre caché

Figée, je regarde l’écran de mon cellulaire. Le message que je viens de recevoir ne peut pas venir de toi. Je reconnais le nom, je reconnais le numéro, mais je n’ai aucune idée de qui est l’homme qui vient de me l’envoyer. Ça ne peut pas être toi. Pas toi, pas mon homme que j’ai cru tant aimer. Celui qui m’a regardée dans les yeux, celui qui a vu mon âme, celui à qui j’ai offert une partie de moi-même.

Je ne sais plus qui tu es, j’ignore qui tu es devenu, et j’ignore parfois aussi qui je suis rendue. Je ne reconnais pas cet homme méchant, aigri, froid et distant. Comment l’amour peut-il se transformer si rapidement?

Nous sommes tombés dans une spirale qui a aspiré toute la douceur, toute la tendresse qu’on a pu un jour partager. Comment a-t-on pu oublier si rapidement? Comment a-t-on pu oublier complètement qu’on s’est déjà aimés, respectés, cajolés, qu’on a voulu le meilleur et le plus beau l’un pour l’autre?

On crache notre venin à coup de mots et de textos. Des paroles déjà regrettées et si vite prononcées. Le premier à terre a perdu. Après l’amour, voilà qu’on perd notre dignité.

J’ai peine à croire que ce soit arrivé… qu’on a passé de l’amour à la haine, qu’on ait fini comme ces couples maudits qui ne cessent de se déchirer.

Comment avons-nous fait pour tomber dans cette guerre de mots sans pitié, à frapper à coup d’accusation, de mots aussi troublants que méchants?

Avons-nous tous en nous ce monstre caché prêt à bondir aussitôt que nous sommes déclenchés? Risquons-nous toujours de tomber dans la haine et le ressentiment dès le moment où on choisit d’ouvrir nos cœurs?

On est deux êtres intelligents… Mais on ne l’a pas été assez pour se préserver… Ni même garder une base de respect entre nous.
Tu auras mieux terminé ton mariage et moi ma relation de neuf ans que celle-ci.

On a parlé de déménagement, d’enfants… On s’est parfois permis de voir grand.

Et aujourd’hui, on est devenus petits… si petits…

Je n’ai pas de réponses, ni d’explications à cette descente dans la violence qu’on a créée, mis à part que si on avait réellement su s’aimer, on aurait également su mieux se quitter.

Je ne peux ni justifier ni comprendre ce qui s’est passé. Je peux seulement espérer un jour nous pardonner. Ne jamais refaire les mêmes erreurs.

Et j’espère un jour te recroiser et sourire, au lieu de souffrir.

 

[Source de l’image: pixabay par Free-Photos]

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