Aujourd’hui, je suis plus vieille d’un an pis ça me dérange même pas. Jamais tu m’aurais entendue dire ça, y’a pas si longtemps. Parce que j’étais une angoissée de la vie. Vraiment.
« Salut, moi c’est Charlotte. J’aime trop le choco pis j’ai un BAC en angoisse. » Sérieux.
Y’a pas si longtemps, je trouvais que la vie allait trop vite pour moi. Je me sentais comme une vieille matante dans ma Tercel qui ne roule pas assez vite dans la voie de droite. La vie passait dans sa Benz avec ses certificats pis ses maîtrises pis ses maisons en banlieue pis ses idées de la vie toute faite pis je l’enviais donc.
Moi aussi je voulais aller vite pour arriver à destination plus rapidement que les autres, pour que mon papa me dise que je suis devenue une grande madame pis que y’était donc fier de moi. Je voulais avoir des bébés avec mon prince charmant que j’aurais rencontré dans une situation beaucoup trop romantique dont tout le monde aurait été jaloux. Je voulais que tout le monde me trouve « full de bonne » pis qu’il me dise que y’en revenait pas de comment je suis éduquée pis de comment un bel avenir se projetait devant moi.
Sauf qu’à un moment donné, je me suis demandé c’était quoi ma destination. C’est quoi qu’il y a à l’horizon que je veux donc atteindre plus vite que tout le monde. On est tous là à courir comme des Grands Géocoucous en oubliant ce qu’il y a autour, en oubliant de profiter de la vie pendant qu’on est jeunes pis plein de rêves.
Oui, c’est naïf. Mais moi je trouve ça beau, la naïveté.
Pourquoi je me précipiterais vers une vie que je connais même pas encore? Pourquoi je me pitcherais tout de suite dans ma vie d’adulte pour laquelle je me sens même pas prête? J’aime mieux profiter de mon « en ce moment » pis de voir plus tard. Je mets mon sprint sur pause.
Là, je sais, tu vas me dire que je suis une pelleteuse de nuages. Tu vas me dire que c’est important le futur pis qu’il faut faire des sacrifices maintenant pour avoir une belle vie plus tard. Ben moi, je dis non. Moi je dis que j’en ai marre de ne pas pouvoir remettre tout à plus tard. J’ai envie de pouvoir repenser à tout ça quand je serai ridée pis de me féliciter d’avoir osé. D’avoir eu le courage de sortir de ma zone de confort pour me retrouver. D’avoir mis fin à des relations amoureuses dans lesquelles je n’étais pas tout à fait heureuse. Parce que c’est ça qui va avoir fait que je me serai découverte, que j’en aurai appris sur moi pis sur les autres pis sur le monde. C’est même peut-être ça qui m’aura conduite à mon choix de carrière. Pis ça m’aura permis de faire un choix éclairé au lieu de me pitcher dans n’importe quoi juste pour faire des « fingers » aux passagers des p’tites Tercel en me rendant quelque part où j’ai même pas envie d’aller.
[Source de l’image: Stocksy]
Une tres bonne lecture, merci !!!