Est-ce le partenaire de ma vie?

Ça frappe du jour au lendemain.

« Eille cocotte… si t’as envie de commencer à te bâtir une vie avec quelqu’un, si t’as envie d’avoir une famille ou une vie établie d’ici quatre ou cinq ans, il est temps d’être stratégique. T’as plus le luxe d’être en relation avec quelqu’un avec qui tu peux seulement t’imaginer pour encore deux ou trois ans. Ça prend du temps, ces histoires-là, tsé. Si tu ne te vois pas avec lui dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans…tu fais quoi? »

BAM, drette d’même.

Finie l’époque où tu pouvais te dire que t’avais  « des choses à vivre et à apprendre » de ta relation, même si tu savais qu’elle ne mènerait pas au homerun. Maintenant, tu swing seulement le bat si tu crois que t’as vraiment une chance de faire un tour de piste complet; t’as plus le temps de te faire disqualifier entre le deuxième et troisième marbre si t’as envie de scorer un point avant la fin de la partie.

C’est étrange, je ne l’ai pas du tout vu venir celle là.

Un moment, son je-m’en-foutisme et son laisser-aller financier me semblaient romantiques, justifiés et pleins de bon sens. De toute façon, on ne peut pas laisser l’argent et la carrière mener nos vies et surpasser nos cœurs, right? Mais ces temps-ci… des petites pensées difficiles se glissent sournoisement dans ma tête. C’est bin beau, vivre d’amour et d’eau fraiche – mais est-ce que c’est sur lui que tu pourras compter pour faire bien vivre une famille et payer un demi loyer?

« Eh boy la grande… tu t’emportes là! Tu sais même pas si tu veux des enfants, qu’est ce que tu fais à réfléchir à ça? Laisse donc faire. Il te fait rire, il te fait danser, il te comprends : une étape à la fois. »

Mais quelques jours plus tard, alors que tu mets une brassée de ses boxers au lavage et que t’es forcée de te rappeler qu’il n’a aucun intérêt à apprendre à utiliser la machine à laver – les petites pensées te reviennent. Ça va donner quoi, ça, quand il va y avoir 8 couches et 4 habits de bébé à laver par jour? C’est bin cute le taquiner qu’il est complètement inutile quand ça vient aux tâches domestiques, c’est même devenu une partie de votre petite routine comique lorsque vous êtes avec les amis et la famille. Mais sérieux… veux-tu encore être en train de faire ça dans 10 ans?

« Bah écoute, ma puce… c’est 5 minutes de plus dans ta journée, fais-en pas un plat. Il sort la poubelle et le recyclage la plupart des semaines, en plus. Puis, une fois que vous aurez une vie un peu plus établie les choses vont se normaliser. Il t’apaise, il te réconforte et il t’encourage : tu peux pas tout avoir dans la vie, gros bébé. »

Une semaine plus tard, il se retrouve furieux à avoir à remplir une tonne de paperasse pour des boulots potentiels. Vous parlez d’immigration et de légalités, et il dit bien fort que ça lui fait chier toute cette recherche, toute cette bureaucratie. Fidèles au rendez-vous, les voilà tes petits doutes stratégiques. Ça va être beau si jamais on veut une hypothèque, un enfant à la garderie, des visas et passeports pour vos petits qui voudront aller visiter la famille.

« T’es drôle toé, grande folle – t’as à peine 100$ dans ton compte chèque et tu t’inquiète pour votre future hypothèque? Calme tes pompons et arrête de te laisser emporter par ta névrose. Il est brillant, prêt à voyager et il est toujours là pour toi à sa façon. L’amour, c’est plein de compromis, tsé. »

Je ne sais pas d’où ça sort, tout ça. C’est mon utérus qui me parle comme ça? Je n’ai jamais basé mes décisions amoureuses sur la moi que je crois être dans 5 ou 10 ans, ça ne m’avait simplement pas traversé l’esprit. Si t’es bien et satisfaite en ce moment, c’est ça qui compte, n’est-ce pas? Et tu ne peux que te baser sur l’information qui est présentement à ta disposition, donc pourquoi prendre des décisions basées sur un futur hypothétique encore bien lointain? Du moins, lui, il voit ça comme ça. De toute façon, t’es pas vieille fille, t’es pas pressée. Une chose est certaine, à moins d’imprévus, t’es encore loin d’avoir à penser à ton horloge biologique.

Et pourtant. Depuis qu’elle m’a visitée pour la toute première fois, cette petite voix – elle ne m’a jamais quittée. En grand moment de tendresse, elle me chuchote des doutes à l’oreille. En moment de conflit, elle me pointe la porte de sortie. Comment je la fais partir, comment lui dire de se taire? Comment retrouver la spontanéité et l’allégresse avec laquelle j’ai toujours su naviguer ce vaste univers embrouillé et romantique?

J’sais pas. Pour l’instant, ses petites comptines névrosées demeurent discrètes et ponctuelles – encore plutôt faciles à ignorer. Mais j’ai peur… j’ai peur qu’elles se fassent entendre, qu’elles deviennent de plus en plus difficile à ignorer.

Et vous? Vous êtes-vous déjà retrouvées stratégique en amour malgré vous?

 

[Source de l’image: Sans Nom par Emanuelle Ranger Lemire]

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