J’ai hâte de te revoir. J’haïs ça. Ça veut dire que tu réussis encore à faire bouger un petit quelque chose en dedans de moi.
J’ai peur de te revoir. J’ai peur que tu fasses ton indifférent quand tu me verras. Que tu passes la soirée à parler à tout le monde, sauf à moi. Que tu fasses comme si rien n’était jamais arrivé entre nous. Qu’il n’y ait même pas ce petit regard complice entre deux conversations qui me confirmera que ce n’était pas rien, ce petit peu qu’on a vécu ensemble.
Je ne comprends toujours pas pourquoi tu me fais cet effet-là. Parce que chaque fois qu’on se quitte, j’ai la certitude que tu n’es pas fait pour moi. Mais le problème, ce sont les semaines de silence qui suivent nos rencontres. Ces semaines-là me ramènent à la fois où tu m’as déballée comme un cadeau, dans ma chambre. Ce sentiment, cette douceur que tu avais, j’ai peur que ça ne m’arrive plus. Les autres sont toujours pressés. Toi tu prenais ton temps, tu savourais toutes les parcelles de mon corps que tu découvrais. Aujourd’hui, serais-tu différent? Sûrement.
Nous deux, c’étaient des conversations, des baisers volés, des caresses cachées. Tu m’as fait sentir désirable, belle, drôle et intéressante. Je t’ai fait sentir comme un homme, à nouveau. Je t’ai fait découvrir la légèreté. Tu me l’as dit : avec moi, tu te sentais comme un ado. Je te faisais toujours sourire comme un épais. J’aurais voulu te faire sourire encore longtemps. Mais toi, peut-être que tu voulais redevenir un adulte sérieux? Je ne le saurai jamais; tu n’as pas d’explications pour moi.
Je ne sais pas comment l’expliquer, y’a pas de façon de l’expliquer non plus. C’était là, c’était ÇA pour moi. Tu as réussi à me faire parler, à être capable de me faire exprimer tous les petits mots qui étaient pris dans ma gorge depuis des années.
Bordel que j’aurais voulu que tu tombes amoureux de moi! Même si tout jouait contre nous, j’aurais aimé que tu sois amoureux de moi. J’ai été rêveuse et je me suis réveillée.
Ça fait déjà plusieurs mois que mon corps n’a pas été collé sur le tien. Plusieurs mois à ne pas t’entendre me raconter ta vie sur l’oreiller et tu me manques toujours autant. Je m’ennuie de voir ton nom apparaître sur mon cellulaire, parce que je savais qu’il était porteur d’un sourire instantané. Je m’étais imaginé nos vies ensemble. Comment tu allais t’entendre avec mes amis et moi avec les tiens. Je rêvais qu’un jour je te manquerais et que tu réaliserais ce que nous aurions pu être. Je me suis trompée. J’ai été passagère, sans jamais être capable de t’accrocher.
Demain, on va se revoir. Demain, il y aura des yeux autour de nous, mais ceux que j’espère avoir sur moi, ce seront les tiens.
L’anxiété d’hier est partie.
Les minutes semblaient des heures. Surtout lorsque je t’ai aperçu de dos. Je savais que notre premier contact allait se faire dans les minutes qui suivraient ce moment où je t’observais sans que tu ne t’en rendes compte. Tu es entré, tu as fait fi de tout ce qu’il y avait autour et tu es venu me prendre dans tes bras. Pas un câlin de côté, un vrai câlin, avec les deux bras autour de moi. Un câlin qui aurait pu facilement s’éterniser si personne n’avait été autour de nous. Et tu m’as pris le visage, tu m’as regardée dans les yeux et sans parler, tes yeux voulaient savoir comment j’allais. Un baiser sur la joue longuement déposé et je t’ai vu disparaître dans la foule.
T’étais là, mais je ne pouvais pas être avec toi. Dès que j’ai pu, j’ai essayé de retrouver tes yeux parmi les autres. Et ils me regardaient. Des regards que seuls nous reconnaissions. Des sourires, des mots dont nous seuls connaissions le sens. Comme c’était difficile de ne pas pouvoir te toucher! Mais ton désir, je le sentais quand tu étais à mes côtés. J’ai vu ce qui se passait dans ta tête.
Avant même que cette journée arrive, nous savions comment elle allait se terminer. Une phrase : « Est-ce que tu viens chez moi? » et une réponse, « Oui ». Ça y était. De toutes les minutes qui me rapprochaient de ta maison, chaque seconde, ma tête me disait de faire demi-tour et de retourner chez moi, mais mon cœur avait besoin de toi, encore une fois. Et j’ai suivi mon cœur.
Dès que j’ai déposé mes trucs dans ton entrée, tes lèvres étaient déjà collées contre les miennes. Une réunion parfaite, un baiser parfait comme on en avait eu quelques fois avant. Et le reste, restera encore une fois, un souvenir.
Ce matin, je sais que tu dois te demander si c’était la bonne chose à faire. Pas pour toi, mais pour moi. Et moi, je me sens légère. Tes sentiments n’ont toujours pas changé, et les miens sont toujours les mêmes. Ni toi ni moi avons envie de couper les liens. Mais désormais, je cesse de me demander pourquoi nos yeux continueront toujours de se chercher dans la foule. Ils le feront, tout simplement.
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