L’amour et les religieuses

Cette semaine, une collègue m’a parlé de quelque chose de merveilleux. J’ai envie de te le partager.

Ce sont de belles grandes dames en habit avec jamais de trous. Il y en a qui vivent cloîtrées, d’autres pas. Elles portent une alliance, mais pas de mariage. Je présume qu’elles sont toujours gentilles et polies. Elles aiment peut-être manger du gâteau au chocolat, rire quand on les chatouille ou pleurer devant un film de filles, mais je ne le sais pas. Je ne les connais pas tant que ça, pis toi non plus… Disons qu’elles ne sont pas la gang la plus show off de Montréal. Elles vivent dans des endroits magnifiques, qu’on pourrait visiter, si on leur demandait. Mais moi, ça me gêne, ces affaires-là.

On ne voit jamais leurs chevilles mais elles en ont, comme toi et moi. Elles préfèrent cacher leur corps pour se concentrer ailleurs, peut-être. Je trouve ça beau et intelligent. Elles ont eu une leader vraiment admirable qui a légué plus d’affaires qu’on pense, dans la vie qu’on mène aujourd’hui. Je te parle des soeurs de la Providence; des femmes avec des valeurs à la bonne place en maudit. En 1828, une certaine Émilie Gamelin a commencé à aider les plus démunis. Montréal avait la mine basse, et l’entraide traditionnelle ne suffisait plus à aider tout le monde. Il fallait mettre sur pied une autre patente qui sauverait des vies, pour de vrai. En 1848, l’oeuvre d’Émilie prend la forme d’une communauté religieuse. L’Asile de la Providence, situé sur l’actuelle Place Émilie-Gamelin au centre-ville de Montréal, est le quartier général des soeurs de la Providence à travers le Québec, le reste du Canada, les États-Unis et le Chili. À partir des années 60, d’autres pays auront leurs rassemblements aussi : Argentine, Égypte, Cameroun, Haïti, Philippines et El Salvador.

Je ne suis pas une personne religieuse ou spirituelle. Mais en ce moment, j’ai besoin de quelque chose pour me retenir. Pour m’encourager à ne pas baisser les bras devant l’amour. Comme toi, peut-être, il m’arrive d’avoir envie de m’enfuir. De déménager dans un autre pays, d’arrêter de manger de la viande ou bien de commencer à prier. Juste pour voir si ça aide. 

Ma collègue me parlait de leurs exploits, les yeux lumineux. La liste est longue! Ces dames-là se sont occupées des enfants orphelins, de ceux qui avaient besoin d’amour et de soins, des délaissés, des malades, des handicapés… Elles ont enseigné, cuisiné, traité aux petits oignons, prié, bordé, bandé les bobos et plus encore.

J’ai pensé à toutes les fois dans la vie où moi, j’aurais eu besoin que quelqu’un me borde, brosse mes cheveux ou prenne soin de moi. On était émues. On trouvait ça beau.

Je pensais à Émilie et à ce qu’elle avait fait pour sauver les autres. Je me suis demandé si elle avait pas un peu fait tout ça pour se sauver, elle, en même temps. Émilie, ce n’était pas une soeur depuis toujours; elle a eu un mari et trois enfants, morts en bas âge. À son décès, elle s’est fait enterrer avec son alliance religieuse, évidemment. Mais dans sa poche, il y avait son alliance de mariage, qu’elle a gardée toute sa vie, en secret. Et les mèches de cheveux de ses trois enfants. J’ai tellement pleuré.

Il y a différentes sortes d’amour, dans la vie, c’est vrai. Des fois, quand tu penses que tu en manques un peu parce que ta date a mal viré ou bien que ta relation bat de l’aile, ouvre grand tes yeux et ton coeur.

Il y a de l’amour partout. 

[Source de l’image: Pixabay]

 

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