T’aurais pu être l’homme de ma vie

J’ai eu la chienne. Je l’avoue.

Ce qu’on vivait, c’était beau, c’était vrai, c’était différent.

Dès notre première nuit, t’as réussi à combler tous les manques cumulés de mes relations précédentes.

Je nous regardais, puis j’nous enviais.

Quand on se mangeait du regard, quand on chantait fort-fort jusqu’à 2 h, quand on essayait de se résister parce qu’on se rendait compte qu’on avait besoin d’un minimum d’un quart d’heure de sommeil.

À chaque pas que tu faisais vers moi, je calmais le jeu. J’essayais de contrôler le vacarme qui résonnait dans ma tête. D’atténuer les vagues qui brisaient violemment le barrage érigé dans mon œsophage, impénétrable filtre bétonné qui taisait plusieurs maux et laissait une tonne de mots dans le fond de ma gorge. Bien coincés.

Je me connais.

J’ai tendance à me faire des idées.

Et je ne te connais pas.

J’ai donc trouvé que nous deux, c’était pas une très bonne idée.

Je te regardais et j’me disais qu’il te faudrait travailler si fort, t’acharner à me découvrir. Vulnérable. Intime. Ouverte à l’amour. Je ne pouvais pas te donner ça, et au final, je t’aurais mal aimé.

Puis je me suis regardée, moi. Ben comme il faut, dans les yeux. Et j’ai senti que j’approchais le point de non-retour. Que j’allais manquer la dernière sortie pour prendre le u-turn. Il fallait que je recule pour de bon, que je te pousse loin.

Je puais le bonheur et je n’aimais pas le parfum que ça laissait sur ma peau. Ça me donnait la chair de poule. Être heureuse jusqu’à l’écœurement.

Je suis toujours tombée en amour en me garochant les yeux fermés, le sourire niaiseux étampé dans la face et le cœur prêt à se faire briser.

Mais là, c’était pas possible.

T’es le seul de qui je ne me serai jamais donné le droit de tomber en amour.

Et pourtant, t’es probablement le seul qui m’a fait douter avoir rencontré l’homme de ma vie.

 

[Source de l’image : Unsplash]

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