Au revoir, amant

J’ai essayé longtemps de me battre contre lui, ce fameux désir qui ne semble jamais vouloir nous quitter. J’ai voulu souvent le défier, tenter de lui prouver que j’étais plus forte que lui en ta présence, mais chaque fois, ce fut un échec lamentable!

Depuis quelque temps, on a arrêté de se battre. En fait, j’ai arrêté de me battre et j’ai accepté. On le sait que nos corps ont pris le contrôle sur nos têtes. On accepte leur désir de se coller un contre l’autre, de se donner du plaisir. Tant pis pour le reste. C’est ce que je me dis chaque fois que ta bouche approche la mienne.

Ce n’est pas qu’on n’a pas essayé. On s’est vus en présence d’une 3e ou d’une 4e personne pour être certains de garder une distance entre nos désirs. On a tout fait pour créer des obstacles pour nous empêcher de nous retrouver horizontalement à la fin de la soirée. On a essayé de ne pas boire d’alcool lorsqu’on se voyait, de se voir dans des lieux publics, de se voir partout sauf où il pourrait y avoir un lit pas loin. Ce fut échec par-dessus échec. Nos corps sont plus forts et trouvent toujours une façon de se retrouver. On se regarde, on sourit et on le sait qu’on est foutus.

On a fini de se battre et de se faire des accroires. Des textos comme :  « Je peux venir chez toi ? Y’a pas d’arrière-pensées… », on le sait très bien que même si on le pense, qu’on va finir encore avec le souffle court. Tu me parles, et je regarde tes lèvres. Je te regarde et tu m’imagines nue. On se parle et on imagine le plaisir qu’on a eu toutes les fois d’avant. Impossible de ne pas en redemander. La mémoire de nos corps nous empêche d’être raisonnables.

Ça ne sert plus à rien d’essayer d’éviter l’inévitable. C’est bon, point final. Il n’y a pas de mal, juste deux corps qui aiment apprendre à se connaître et qui veulent en avoir un petit peu plus chaque fois. Il y avait de l’amour de mon côté à un certain moment, mais cet amour s’est transformé en complicité quand il a réalisé qu’il n’était pas réciproque. Une douleur difficile à accepter, mais moins douloureuse que l’idée de ne plus avoir ton corps près du mien. Mon corps est en manque du tien autant que le tien en manque du mien.

Je ne vois pas encore le moment où mon amour pour toi n’existera plus. Je sais qu’il arrivera ce moment, mais je sais que le désir que nous avons un pour l’autre ne s’estompera probablement jamais. Arrêtons notre hypocrisie. Nous ne pourrons jamais être que des amis.

Quand un de nous deux fera entrer quelqu’un dans sa vie, notre relation devra inévitablement se terminer. Plus question qu’on se retrouve en présence de l’autre. C’est possible qu’on soit capables de se retenir, que notre désir pour l’autre s’effacera avec les mains de notre nouveau partenaire. Mais est-ce qu’on va vraiment vouloir prendre cette chance?

Mon corps doit te dire au revoir, même s’il a accepté que tu ne prendrais jamais son coeur. Il doit te dire au revoir maintenant, pour que les adieux soient plus faciles à faire lorsque tu m’écriras : « Isa, j’ai rencontré quelqu’un. »

Au revoir, amant.

[Source de l’image : Pixabay]

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