Ç’aurait pu être moi

Aujourd’hui, j’ai eu envie de traiter d’un sujet un peu plus dur.

Moins « hop la vie » qu’à l’habitude.

Mise en contexte : Je suis une Demois’ailes, c’est-à-dire que je vais courir à relais la distance entre Toronto et Trois-Rivières en juillet prochain avec une cinquantaine d’autres femmes pour une cause qui nous tient très à cœur : Les femmes et enfants victimes de violence. Ce sont eux notre motivation, et nous amassons des fonds pour deux maisons qui existent afin de leur donner un répit et de l’aide pour s’en sortir : Les maisons Le FAR et La Séjournelle, en Mauricie.

Récemment, j’ai assisté à une conférence et nous avons eu la chance d’entendre de généreux témoignages de femmes qui ont bénéficié des services de ces maisons. J’ai eu envie d’en parler ici, parce qu’on parle de relations homme-femme, d’amour.

Et dans certains cas, l’amour fait mal.

Mon titre vient du fait que oui, c’aurait pu être moi. Parce que les femmes qui nous ont racontées leurs histoires sont des femmes comme moi, votre voisine, votre collègue, votre amie… C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus touché, le fait que ça peut être n’importe qui. Je l’ai vu comme un « Effet Papillon ». Vous savez, ce petit détail… aussi subtil qu’un battement d’aile de papillon mais qui change votre existence.
Un jour, ces femmes-là ont pris une décision. L’engrenage est alors parti.

On prend des centaines, voire des milliers de décisions tous les jours, dans notre quotidien, dans nos relations. J’en ai pris, et qui sait, un jour j’ai peut être pris une décision qui m’a épargnée. Parce que non, je n’en ai jamais été victime. Cette violence conjugale, peu importe son visage, n’est jamais entrée dans ma vie, dans ma tête ou dans ma peau. Et je remercie le ciel de m’avoir permis de prendre les décisions que j’ai prises dans le passé.

Cette violence a tellement de visages, elle est hypocrite. Elle entre dans une maison sans s’annoncer et si elle y entre, c’est souvent pour y rester. Elle est très bien cachée. Règle générale, les victimes ne se voient même pas comme victimes. Elles se sentent plutôt responsables, coupables…

Ces femmes ont eu la malchance de tomber sur des hommes qui se sont avérés être très méchants. Non, ce ne sont pas nécessairement des femmes qui ont un œil au beurre noir, ou des contusions sur tout le corps. Ce sont des femmes victimes d’une violence subtile, le genre de violence qui fait encore plus mal qu’une simple claque. On parle ici de violence sous plusieurs formes : verbale, physique, psychologique, sociale, économique et sexuelle. À part la violence physique, ce sont toutes des formes de violence qui ne laissent pas de traces visibles. C’est subtil. Ça rend le dépistage d’autant plus difficile pour l’entourage. Et la guérison encore plus longue et douloureuse. Les femmes qui entrent dans ces maisons obtiennent beaucoup d’aide et de support, mais doivent travailler énormément sur leur propre estime, sur leur confiance en elles. C’est la principale « cible » d’un homme violent, détruire l’estime et la confiance de la femme afin de la rendre la plus vulnérable possible. Ce n’est pas si simple de reprendre le dessus. Parfois, ça prend plus qu’un séjour pour finalement tourner la page. Mais, oui, on peut et on doit s’en sortir!

Non ce ne sont pas nécessairement des femmes qui ont un passé lourd.
Ni des femmes faibles.

Ce sont des femmes amoureuses.
Des femmes avec des valeurs comme vous et moi.

Souvent, le point commun, c’est qu’elles croyaient toutes pouvoir changer leur homme.

Mais… on ne change pas un homme violent, manipulateur, contrôlant. Il faut prendre son courage à deux mains et partir. Non, ce n’est pas normal de toujours vivre dans la peur. En tant que femme, on a droit à une vie amoureuse heureuse et épanouie. Notre bonheur compte autant que celui de notre homme.

Soyez à l’écoute des femmes autour de vous, on ne sait jamais ce qui se passe dans l’intimité.

L’amour, ça ne devrait pas faire mal.

Source de l’image [You Were Like Rain In My Desert par Lotus Carroll]