Le deuil de l’idéal

Dans la vie, tu auras plusieurs deuils à faire, mais le deuil de l’idéal, tu le vivras peut-être un peu plus longtemps. C’est parce qu’il a commencé quand tu étais jeune, avant que tu réfléchisses à la vie.

Tu ne l’as probablement pas reconnu, mais il était là. Souviens-toi, c’était la fois où tu as rencontré ton idole et qu’elle était vraiment bête, finalement. Ferme les yeux, tu te rappelleras… C’était au Salon Pepsi Jeunesse, et tu avais attendu plusieurs heures en file avec, dans tes mains, ton cadeau pour Gabrielle Destroismaisons. Et elle n’était même pas émue.

Le deuil de l’idéal, c’est de se rendre compte que la vie, c’est pas comme on pensait, finalement. C’est pas nécessairement moins beau ou pire, c’est juste différent. Par exemple, si en voyant Cendrillon sous son vrai jour, le prince avait trouvé qu’elle faisait pitié… Comme si au lieu de la trouver tellement vraie et pure, il l’aurait trouvée cheap et un peu sale, ben son deuil de l’idéal aurait commencé là.

En général, pis là on jase, quand tu commenceras une nouvelle relation, il y a de bonnes chances que tu le vois venir, le deuil de l’idéal : il était vraiment fin et attentionné, il me faisait des cafés au lit le matin, pis là il s’en fout, il laisse ses affaires traîner partout dans mon appartement, ne m’appelle plus, me texte une fois par semaine… Petit deuil dans le visage, juste comme ça.

Peut-être que tu culpabiliseras. Oh que oui, tu culpabiliseras. Tu te sentiras mal d’avoir voulu un idéal (que tu ne te définis pas bien, mais qui est vraisemblablement mieux que ce que tu as en ce moment). Tu te jugeras de ne pas essayer plus fort. Tu t’en voudras de ne plus y croire. Tu penseras que tes amis célibataires t’en voudront toute leur vie de vouloir sortir d’une relation qui semble parfaite. Mais dans tes yeux à toi, qu’est-ce qu’il y a? Pas mal moins d’étoiles.

Ne te décourage pas. Je sais, c’est long. À chaque déception, la carte-fidélité du deuil de l’idéal punche un autre trou. Quand tu arriveras au bout de ta carte, pas de cadeau ni de surprise. Juste une petite voix qui te dira : lâche prise. Sois douce avec toi. Ne te culpabilise pas de vouloir sortir d’une relation qui, finalement, n’est peut-être pas comme tu t’imaginais. Le deuil que tu fais, il existe. Tu existes.

[Source de l’image : Volkan Olmez]

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