Doucement je t’apprivoise

J’ai longtemps voulu m’écarter de toi. Te tenir le plus à l’écart possible. T’ignorer pour ne pas te faire face. Remplir ma journée pour ne pas penser à toi. Compter les heures qui nous séparent pour t’y croiser le moins possible. M’épuiser physiquement et mentalement pour pratiquement devoir me soumettre à toi. Pour que je n’aie quasiment pas le choix de te tenir compagnie le soir venu.

J’ai longtemps voulu te fuir. Pour ne pas être sous ton emprise. Pour ne pas étouffer sous ton poids. J’ai tout fait pour ne pas me retrouver avec toi. Tu m’as même fait peur parfois. Simplement l’idée de penser à toi et de te croiser dans le noir de mon corridor en pleine nuit m’a, à plusieurs reprises, donné des frissons. Des sueurs froides m’obligeant à mettre de la musique en background pour ne pas t’entendre. Pour masquer ta présence.

Mais partout où je vais, t’es là. Dans ma tête, dans mon cœur. Parfois bien en évidence, parfois enfouie au fond de moi. Même si je suis entourée de gens que j’aime, même si je suis dans un party, même si je suis dans une foule, t’es toujours là. Près de moi. Tu es là, tu me guettes. Que je le veuille ou non.

Mais avec le temps, j’apprends doucement à t’apprivoiser. À te désirer, à t’espérer, à t’aimer. J’apprends à t’apprivoiser même si ça fait longtemps qu’on cohabite ensemble. Maintenant, c’est moi qui ai changé. Pas toi. En fait, tu es toujours la même, mais tu sais si bien t’adapter. J’apprends à apprécier chaque parcelle de toi. Chaque moment passé en ta compagnie me fait maintenant sourire. Je me surprends même à anticiper nos soirées. La musique n’est plus nécessaire pour masquer ta présence. Juste, toi et moi. Doucement je t’apprivoise, chère solitude.

[Source de l’image : Pixabay]

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