Faque… On s’aime?

Mais là, là… on est quoi, au juste, toi pis moi?

« Il m’a dit, un peu cocktail, qu’il m’aimait bien. Ma réponse : J’pense que l’char a besoin d’un changement d’huile! »

Ça, c’est mon amie qui capote avec les étiquettes. Elle a enchaîné les relations avec des gars qui avaient « peur de l’engagement », qui sont tombés fous raides d’amour pour elle, et qu’aussitôt qu’elle a pris la décision de s’abandonner, de se lancer enfin, de devenir vulnérable, de se laisser fragile face à l’amour… le gars a décampé.

Ça, c’est ce qu’elle dit. Elle dit aussi qu’il y a de fortes chances que ce soit un peu de sa faute de s’être embarquée avec ce genre de gars-là.

Mais là, y’a un gars qui lui a poppé dans face, dans tête, dans l’coeur. Et lui, y’est PARFAIT. Ses meilleures amies sont ben d’accord. C’est un bon celui-là. Et elle a la chienne. La grosse chienne pas propre. Une chienne qui lui aboie de faire attention, qui lui étend de la peur dégoulinante à grandeur. Elle le sait. Mais maudit, ses blessures passées se décousent malgré elle et se mettent à hurler en silence dans tout son être. Et le concert de leurs hurlements tisse une litanie d’excuses, de fuites, de défaites. Et braver cette jungle hurlante qui s’enracine et gonfle perpétuellement afin de sonder ce que notre cœur a à nous chuchoter faiblement dans la cohue, ça prend un courage sans bon sens. Pis des griffes. Pis de la patience.

« Il m’a dit, au beau milieu de la nuit, un peu chaud : Tu es spéciale pour moi. Moi j’ai répondu, après un silence interminable : Ben… t’es un de mes humains préférés. »

Le doute. Il s’est mis à douter. Et elle, elle aimerait que son amour n’ait pas besoin d’être nommé, mais qu’il soit lu au travers de ses actions, ses agissements. Mais lui a besoin que les choses soient nommées. Que leur amour soit reconnu verbalement, avec des MOTS.

Qu’est-ce qui lui fait si peur dans le fait de DIRE? Ça semble pourtant simple… mais pas tant que ça.

« Grand parleur, petit faiseur. »

-Dicton populaire agaçant de par sa sagesse

« On veut pas l’savouère, on veut le vouère. »

-Robert Gravel, homme de théâtre et père de l’improvisation

-Je t’aime. -Nous sommes en couple. -On se fréquente. -C’est un fuckfriend. -C’est une amie avec bénéfices. -Je t’apprécie… -On s’embrasse dans le privé. -On se tient la main en public. -Ça fait 4 ans qu’on fourre mais je n’ai jamais rencontré ses parents. -Je t’aime comme un fou, me semble que c’est clair!

** *

« Je t’aime.

-Moi aussi. Tu veux être mon amoureux?

-Oui.

-…

-…

-Tu veux un bisou?

-Ouii. »

Sourires gênés. Pommettes écarlates. Un cri de joie sur le bord de la gorge. Ça, ce sont les deux premières phrases qui ont été prononcées sur un banc de parc en face de mon école secondaire, avec la fille qui aura été ma PREMIÈRE blonde. On est entrés dans l’école main dans la main, le battement fou de mon cœur alimentait cette bulle nouvelle qui nous enveloppait. J’avais l’impression que LE MONDE ENTIER nous regardait avec admiration. Ma vie venait de changer en l’espace de quelques secondes à peine.

Nommer. Simplement. Probablement un des moments les plus vertigineux. Encore une fois, ça prend du courage pour s’avouer ses sentiments. Et tout autant pour les partager. Évidemment, avec le temps, on apprend. On se protège. Mais peut-être que parfois, il faut simplement retrouver notre candeur d’adolescents… Qui sait où ça pourrait nous mener?

 

[Source de l’image: Pixabay]

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