Joueur de l’année

T’es arrivé un peu de nulle part, trop beau pour être vrai, trop gentil pour être franc.

T’es couché sur mon matelas pendant que j’écris ces lignes. Je peux faire ma tough, je peux m’inventer plein de raisons pour garder ma carapace de fille orgueilleuse intacte, mais ça changera pas que, en ce moment, j’me dépêche à pitcher mes états d’âme à l’envers sur mon clavier pour aller te rejoindre en dessous de mes draps. Comme toutes les autres que t’as eu avant pis toutes les autres que t’auras après, ça me fend en deux de le dire, pis j’ne te le dirai jamais, mais tu m’as eue.

On ne va pas se le cacher, tu sais comment t’y prendre. Ton sourire qui met en confiance, tes mots qui rassurent pis tes yeux qui m’font croire que j’suis la plus belle. J’ai l’impression que tes bras qui me serrent trop fort s’imbriquent parfaitement autour de moi. J’ai l’impression qu’on se complète l’épiderme, que ton corps a été fait pour être collé au mien. C’est parfait.
Trop parfait.

Parce qu’à force de faire quelque chose, on devient bon. T’es un pro de la romance. T’as pratiqué tes accords comme tes belles paroles. Tes doigts passent doucement sur les cordes de ta guitare comme dans le dos des filles. Ça m’énerve, mais tu l’as l’affaire. T’es un acteur, t’apprends tes textes par cœur et tu les déblatères à toutes les jolies filles qui passent sur ton chemin. Tes faux mots d’amour sur le bout de ta langue passent par tes baisers passionnés.

La musique que tu fais jouer dans mon appart pis tes petits regards complices ont fonctionné sur moi aussi. La fille qui se croyait donc invincible et indifférente aux charmes des garçons-en-manque-d’attention te regarde boire ta coupe de vin pis se dit : « Merde, j’suis faite. »

T’as toujours agi comme un prince charmant. Mes amies me répétaient que t’étais « clairement amoureux ». La façon dont tu parlais de moi, la douceur avec laquelle tu me prenais dans tes bras, la façon dont tu me regardais, c’était clair pour elles. Moi, au fond de ma tête, j’étais au courant de ton petit jeu.

T’étais pas en amour avec moi ou avec les autres. T’étais en amour avec la réflexion de ta belle face tatouée dans mon iris. T’étais en amour avec la façon dont j’étais en train de tomber amoureuse.

Mais ça n’arrivera pas. Tu m’auras eue. Mais pas jusque là.

Y’a eu une faille dans mon armure de chasseuse aguerrie. Une cassure. Qui m’a confirmé que même si c’est dur pis froid parfois, j’suis bien, en dessous de ma coquille métallique.

Bravo. Tu te mérites le prix du joueur de l’année.

[Source de la photo : Cards par albastrica mititica]

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