Laisse tomber le scénario

Le grand amour, je l’ai longtemps cherché. Pas une amourette de fin de semaine ou un flirt éphémère au travail. Non. Le coup de foudre instantané, la passion dévorante… La belle affaire! Ce qui semblait n’être qu’une activité de base est devenu un réel défi, la quête d’un idéal inatteignable…

Les critères à remplir pour être mon amoureux étaient pourtant simples, et on ne peut plus précis :

  • Grand, mais pas trop
  • Les traits foncés, mais sans avoir l’air méchant
  • Communicatif, mais pas dépendant
  • Créatif (et avec de l’argent, un atout)
  • Épicurien avec 19,5 comme indice de masse corporelle

Je n’aurais pas détesté qu’il soit né dans un autre pays. Ainsi, nous aurions pu devenir un exemple de réussite pour tous les couples interraciaux. Un modèle à suivre!

Ce que je voulais, c’était l’homme parfait. Ou du moins, le gars fait sur mesure pour interpréter mon chum dans le biopic de ma vie dont j’avais méticuleusement travaillé le scénario depuis l’été de mes 11 ans. En bref, je faisais passer des auditions à des acteurs potentiels. Et si certains se laissaient aller à de l’improvisation, je ne tardais pas à les rappeler à l’ordre.

Tenez-vous-en au texte!!!

Le film que j’avais imaginé n’a jamais vu le jour. Je n’ai pas trouvé mon partenaire de jeu, mon jeune premier, ma muse.

J’en ai longtemps voulu. À tous ces gars qui n’acceptaient pas le rôle que je leur offrais sur un plateau d’argent. Puis, j’en ai voulu à Hollywood. Cette machine à rêve qui nous bourre la tête de clichés romantiques. Ces films-là même qui ont été, en grande partie, responsables de mon éducation amoureuse.

On s’insurge contre les magazines de mode qui nous matraquent d’images irréelles, de beaux mannequins photoshopés à souhait et qui redéfinissent, à tort, nos standards de beauté. Tout le monde aimerait leur ressembler, à ces jeunes éphèbes aux six packs coupés à l’équerre ou à ces Barbie bronzées dont la silhouette ressemble davantage à un coeur de pomme rabougri qu’à une bonne poire bien juteuse. Célébrons et aimons nos corps tels qu’ils sont, point à la ligne.

Mais ne devrions-nous pas également nous battre contre toutes les comédies romantiques hollywoodiennes qui nous lavent le cerveau à grand coup de scénarios idylliques? Non, Ewan McGregor ne se présentera pas au rebord de ta fenêtre, dans un champ de jonquilles, à te chanter le dernier hit de Céline accompagné d’une chorale d’enfants habillés en oompa loompaBig Fish, ce n’est pas la vraie vie!

Bannissons ces divertissements de pacotille nocifs pour la santé de notre coeur amoureux.

Un jour, j’ai dû lâcher prise. Ou plutôt, j’ai tabletté le scénario de mon biopic.

Et c’est lors d’une improvisation libre ayant pour thème « Rencontre inopinée dans un bar de quartier », la chemise en sueur et le toupet mal placé, que j’ai rencontré celui qui fait aujourd’hui battre mon coeur.

Je ne contrôle plus le film de ma vie amoureuse, mais j’en découvre les intrigues une à une avec délice.

 

[Source de l’image : Little Visuals]

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