Un mois pour rencontrer l’amour – Défi 2

Hey, toé!

Surpris de me faire crier après dans une bibliothèque, encore plus par un agent de sécurité d’origine nord-africaine parlant avec un accent de la Beauce, j’en suis presque venu à croire qu’il m’avait apostrophé pour mes beaux yeux. Ou mon nez à angle droit, c’est au choix.

T’as pas le droit de rentrer icitte avec un café.

Comme quoi, ce n’est pas parce qu’il t’a coûté le prix d’une heure de travail au salaire minimum que ton pumpkin spice latte est le bienvenu dans l’antre de la culture et de la connaissance.

Dégustant de force et à une vitesse accélérée mon breuvage chaud à côté des portes-tourniquets de l’entrée, j’ai eu le temps de faire deux constats.

Premièrement, que le format Venti du Starbucks était ridiculement trop grand.

Et deuxièmement, que je m’étais embarqué dans un défi beaucoup plus grand que ce que l’être introverti que je suis pouvait supporter. Il ne restait que dix jours, et je n’avais pas encore donné mon numéro de téléphone à un inconnu, encore moins couché avec un gars le premier soir. Et l’envie de le faire n’était pas là non plus.

Était-ce vraiment de cette façon que je voulais rencontrer l’amour de ma vie? En reproduisant les clichés des comédies romantiques américaines, à l’exception que je n’ai rien de Sandra Bullock et que les chances que je rencontre Bradley Cooper entre deux rangées de livres sont aussi faibles que le nombre de cinéphiles ayant aimé le film Tout sur Steve.

C’est son sourire qui m’a extirpé des limbes lorsqu’il a poussé la porte. Mi-amusé, mi-charmeur… Notre échange de regard n’a duré que deux secondes, mais qu’importe. Mon coeur s’est arrêté de battre. En le voyant se diriger vers l’escalier, ma rationalité est partie en break syndical, et j’ai su que je me devais de le suivre.

Le gardien de sécurité étant trop occupé à vider le sac d’une pauvre vieille dame faisant sonner le système d’alarme, j’ai pu me faufiler à l’intérieur de la bibliothèque, spice latte en main.

Il avait choisi les escaliers; j’allais prendre l’ascenseur. Comme il était vitré, j’aurais plus de facilité à suivre ma proie, et le fait que je n’avais plus de sang dans ma jambe gauche après être resté assis par terre un bon dix minutes n’était pas négligeable.

Arrivé au quatrième étage, le « dividu » au charme ravageur s’est rendu jusqu’au comptoir d’information, a ouvert la porte et s’est assis derrière un ordinateur.

Mon kick du jour était bibliothécaire.

Ne sortant jamais sans mon sharpie, j’ai barré judicieusement certains mots du message d’avertissement contenu sur mon verre vide Starbucks en prenant bien soin d’écrire lisiblement mon numéro de téléphone juste en dessous.

THE BEVERAGE YOU’RE ABOUT TO DRINK IS HOT

Le plan infaillible.

Bonjour, je cherche un bac à recyclage pour y déposer mon verre vide.

Je vois qu’y a personne qui te l’a dit encore, mais t’as de la mousse, ben de la mousse pognée dans ta moustache.

À suivre…

 

[Source de l’image : Pixabay]

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