Un mois pour rencontrer l’amour – Défi 3

Il n’y avait pas d’autres issues possibles. J’allais devoir avouer mon échec. En plus de ne pas avoir trouvé l’amour en un mois, j’avais surtout été incapable de réaliser le troisième et dernier défi de la liste, soit de coucher avec un gars le premier soir.

Et ce n’était pas par manque de volonté. Seulement, pour coucher avec, il faut toujours ben le rencontrer avant, ce monsieur!

Des allées de bibliothèques jusqu’aux bars karaoké, en passant par les arrêts de bus ou les salles d’attente d’hôpitaux… Aucun lieu n’était trop creepy pour sortir mon magnétisme de dragueur aussi virulent que le scorbut dans le cercle d’amis de Samuel de Champlain.

Vraiment, j’avais tout essayé… sauf un endroit.

21 h 14… J’empoigne mon cellulaire et installe l’application Grindr. Il me restait un peu moins de trois heures pour trouver un gars, coucher avec et me sauver illico de son appartement : un projet hautement réalisable.

Une cinquantaine de profils apparaissent sur l’écran. Tous des gars à proximité de chez moi. Je reconnais l’emballeur de chez Métro, le dude qui stationne toujours sa New Beetle fuchsia devant mon appart… Y’a même le voisin d’en arrière qui promène son corgi en bedaine.

Heureusement, il y a des gars que je ne connais pas. Certains dont le visage est tout simplement caché. En guise de photo de profil, un gros plan de leur chest.

Tant qu’à faire n’importe quoi, allons-y pour la totale!

Je l’ai reconnu par son grain de beauté situé tout près du nipple gauche.

T’enlèves pas ton chandail?

D’habitude, je fais ça après avoir jasé un peu, ou du moins, être entré dans l’appartement.

D’un air désinvolte, je lui demande son âge. C’est pas comme si je le gossais depuis quatre heures avec mes questions.

Je viens juste d’avoir 18 ans.

Ça, en réalité, ça veut dire qu’il ne les a pas, ses 18 ans. Que son appartement est en fait le sous-sol de chez ses parents et que je suis sur le point de coucher avec un mineur, ce qui est une offense criminelle non négligeable. Et tout ça pour… avoir quelque chose à raconter à mes amies de fille autour d’une paella aux crevettes?

En moins de temps qu’il ne faut pour dire « C’est pas toi, c’est moi », « Je ne te mérite pas » ou « Je sais pas ce que j’ai, j’pense que je fais une petite dépression », j’ai quitté en préservant le peu de dignité qu’il me restait.

En rentrant chez moi, j’ai réalisé l’absurdité de la chose et tout le ridicule que j’étais prêt à faire pour éventuellement entrer dans le sacro-saint moule du couple.

Oui, je désirais vivre à deux. Être en amour, ouvrir un compte conjoint et passer mes après-midis à magasiner des ensembles de patio avec l’homme de ma vie. Mais pas au prix de la honte et des regrets.

Mon défi, je l’ai vécu à fond. Et même si je n’ai pas réussi à trouver l’amour, j’y ai découvert quelque chose de mieux : mes valeurs.

 

[Source de l’image : Pixabay]

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