«Les choses qui gémissent d’être séparées.»

Titre inspiré par ce cher monsieur Albert Camus.

Pense à la première fois que tu as songé : Je crois que je suis amoureux. Rappelle-toi les fortes vagues de sentiments qui se fracassaient contre les parois de ton cœur; cette noyade heureuse que même la mort ne saurait effacer.

Pense au sourire de la barista blonde au café du coin qui réchauffe ton âme bien avant ta première gorgée d’éthiopien; le plaisir qui sature chacune de tes jambes et qui vient s’achever dans les pas que tu fais pour aller chercher ton sourire le matin.

Pense à la symphonie de désir que jouent plusieurs centaines de milliers de musiciens dans le creux de tes reins; aux fleuves brûlants qui sillonnent les veines sous ta peau et qui font bouillir ta convoitise à brûle-pourpoint.

Pense à la première fois qu’on a saccagé tes entrailles pour en retirer le moindre soupir de bonheur; que tu as cru – avec tellement d’innocence – qu’aucune souffrance ne pourrait l’égaler, que ce serait un mal péremptoire.

Pense au regard que tu croyais avoir perdu à jamais dans les deux océans bleus de ta meilleure amie; pour qui tu serais devenu un désert mille fois.

Pense au sentiment de perfection qui a survécu lorsque ta main a touché la sienne; le monde ne t’avait jamais paru aussi facile à goûter, à deux doigts de jouir.

Pense aux feux d’artifices qui ont explosé de haut en bas dans l’immensité du ciel de ton corps; lorsque vous avez effleuré du bout des lèvres le nom de votre futur premier enfant.

Pense à toutes les fois où les éboueurs sont venus cueillir les sacs de poubelles chargés des vestiges de tes amours démodés; depuis, ils n’ont jamais abandonné l’idée de venir les mardi chercher tes déchets.

Penses à tes sentiments boréales qui poussent comme des conifères sur la cendre depuis plusieurs années et qui n’ont cessé de prendre racine sur les charniers passés.

Pense aux incertitudes affublées en certitudes que tu as accueillies les bras ouverts sans songer un instant que cela pourrait être une gaffe remarquable; ta boussole indiquait bien le Nord mais ce n’était pas le bon.

Pense aux folies que tu as tirées de ton chapeau pour la faire rire, les victoires habiles que tu as su provoquer à l’aide de tes mains pourtant vides, la collection de petits miracles dont tu es le héro quotidien.

Pense aux rêves qui ont fait émeute quand tu songeais à vous deux; aux voyages et aux projets que tu as porté haut et fort avec elle comme un drapeau qui flotte au vent.

Pense à toutes ces premières fois qui ont dévoré ton existence et qui ne pourront jamais s’échapper; aux douleurs qui tanguent, aux plaisirs qui ont su régner longtemps.

Imagine-toi l’impossible.

Tente de réunir dans le même équipage, à l’intérieur d’un seul souffle, au hasard d’une paupière qui bat, au sein d’un cœur unique et dans l’ambiance éphémère où naissent à l’aube les premiers rayons : l’addition peu probable, mais sincère, de tous les sentiments évoqués plus haut.

S’il est admissible pour toi de cumuler toutes ces expériences en une seule gorgée, cela aurait, je crois, le goût absolu de l’amour vrai.

[Source de l’image : Tumblr]

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