Il est bizarre, votre mariage, Valérie.
C’est ce que m’a dit ma grand-maman. C’était dimanche de Pâques et la famille riait autour de la table. Nous buvions du vin en regardant l’album de finissants de ma tante, fin des années 80. Je me moquais un peu des jeunes adultes de sa cohorte. À côté de leur photo, ils avaient écrit ce qu’ils souhaitaient devenir, «Le roi du monde», et ce qu’ils aimaient, «Le sexe». Eh boy.
C’est drôle, parce que c’est la première fois de ma vie où, justement, je ne me trouve pas trop weirdo. J’ai eu des amoureux un peu nuls, des fois, qui auraient sûrement répondu qu’ils aimaient le sexe dans leur album. Mais pas cette fois-ci.
Et pour elle, belle Oma qui n’a aimé qu’une seule et immense fois, notre mariage était étrange.
Je ne sais toujours pas si je les trouve cute, les grands-parents qui ont été ensemble toute leur vie. Cute ou juste confortables? L’amour qui dure toujours, c’est beau, mais juste quand tu le choisis, non? Je veux dire, se matcher à seize ans et mourir ensemble, c’est magnifique mais surtout… pratique?
Mais pour eux, c’était vrai de vrai. Je suis certaine que ma Oma a aimé mon Opa pendant toutes les longues années de leur vie ensemble. Et j’aimerai mon amoureux pendant de longues années, moi aussi. Même s’il y en a eu d’autres, avant lui. Même s’il n’était pas là, à Pâques.
Même s’il est un peu étrange, une fois de temps en temps.