La jalousie n’est pas une preuve d’amour

Je ne fais pas partie de celles qui affectionnent le verbe « Jalouser ». Disons que je ne le conjugue pas souvent. Je trouve que c’est l’émotion la plus laide et dévastatrice du monde. Elle peut transformer un ange en démon. Quoi qu’elle ne fait peut-être que dévoiler la vraie nature de ladite personne. Qui sait? Je ne suis pas meilleure que les autres. Je crois surtout que j’ai eu de la chance, beaucoup de chance. D’aussi loin que ma mémoire se souvienne, mon père m’a toujours dit : « L’amour, ce n’est pas mettre l’autre dans une cage. Tu ne peux pas empêcher une personne de vivre sous prétexte que vous partagez des sentiments. » J’ai donc toujours mené ma vie ainsi, sauf une fois lorsque j’avais 17 ans. Ç’a été la pire relation de toute ma vie.

Aujourd’hui je peux en rire, mais je trouvais ça pas mal moins drôle back in the days. J’étais complètement possessive et contrôlante. Je mettais ça sur le compte de l’amour. « La jalousie est une preuve d’amour. » L’amour a le dos large en TA, hen? Il est l’excuse de trop d’émotions mal gérées en tout cas. J’avais tellement peur d’être trompée que je me suis faite tromper. Quoique peu importe mon attitude, cela serait arrivé, mais là n’est pas le point. Lorsqu’on met une laisse autour du cou de quelqu’un, ce quelqu’un va se débattre afin de s’en débarrasser. Ce quelqu’un va s’éloigner. Moi la première. Dès qu’on m’impose des barrières, je cherche à les briser. Personne ne décide pour moi ce que j’ai le droit de faire ou non.

Je me souviens que je pouvais lui téléphoner trente fois s’il ne répondait pas. Je me trouvais des lift pour descendre à Saint-Lin alors que je vivais à Terrebonne, à 22h00, juste pour essayer de le prendre en flagrant délit de tendresse avec une autre. Je fouillais dans toutes ces choses, tout le temps. Dès qu’il dormait, je me transformais en poussière afin de pouvoir flotter jusqu’à son cellulaire qui se trouvait sur la table de chevet sans qu’il m’entende. Je devenais soupçonneuse dès qu’il amenait son cellulaire lorsqu’il allait prendre sa douche. Il a de quoi à cacher, c’est sûr que c’est pour ça qu’il l’amène.

Wowe.

Je crois que je suis souvent devenue mauve à force d’oublier de respirer ; je crois que je suis souvent devenue mauve à force de vouloir gérer la respiration de l’autre.

Suite à cette relation, je me suis jurée que plus jamais je ne serais comme ça, que plus jamais je ne me transformerais en cirque dont j’étais l’animal de foire. La jalousie en dit beaucoup à propos de nos insécurités et de notre manque de confiance, de notre confiance personnelle et de notre confiance envers l’autre. Ça démontre que nous avons peur d’être détrônée de notre première place sur le podium du coeur de l’amoureux. Ça ne démontre rien d’autre que ça. Pourquoi l’empêcher d’aller prendre un café avec une amie? Car on a peur que l’être aimé ait de meilleures conversations avec elle, qu’il ait plus de plaisir qu’avec nous, qu’il repense à son amie une fois à la maison. Le fait est que non. Et sincèrement, si la longévité de votre couple ne tient qu’à un café ou non pris avec quelqu’un, je pense que ça en dit long, hen?

Je vois souvent passer cette image sur Facebook : « Ne sois pas fâché si je suis une criss de folle, si je suis jalouse, possessive et contrôlante. Ça veut dire que je tiens à toi. » ou encore « Une fille qui te fait une crise de jalousie, c’est parce qu’elle tient à toi ». Je soupire avec les épaules et les yeux chaque fois. Ma tête se secoue de gauche à droite et je trouve ça dommage. Je repense toujours à ma belle boule en verre qui fait de la musique. Celle qui a des flocons à l’intérieur. C’est ma maman qui me l’a donnée ; elle est précieuse. Chaque fois que je déménage, je l’emballe plus que les autres objets, je la manipule avec précaution. Je ne veux pas l’échapper. Je lui offre une place de choix sur l’étagère. Cependant, je ne la castre pas dans une armoire en verre pour être CERTAINE QU’IL N’ARRIVE RIEN. Non. Vous voyez où je veux en venir?

Aujourd’hui, ma boule de verre est égratignée. Il lui manque des bouts. Mais elle tient, elle est encore là, bien entière et bien vivante.

Pour moi l’amour c’est pareil. C’est un mélange d’émotions parfois flou, parfois contradictoire, souvent très intense, dont on doit prendre soin. Mais qu’on doit aussi laisser respirer à l’air libre. Libre. C’est Simone de Beauvoir qui disait : « Se vouloir libre, c’est aussi vouloir les autres libres. » L’amour n’est pas une excuse et est encore moins une raison. Je comprends qu’on ait peur. L’amour fait peur. C’est un risque, celui de tout miser en espérant que le voyage se passe bien. Même si ça peut déchirer en plein vol. Même si nos ballons d’hélium peuvent exploser en montant vers la galaxie, nous plongeant au coeur d’un océan déchaîné avec des vagues lourdes à porter.

L’amour, c’est accepter de remettre une grande partie de ce que nous sommes entre les mains de quelqu’un et lui faire confiance. C’est espérer que cette personne nous transporte dans une boîte portant l’inscription « Handle with care » à travers les aléas de la vie. Mais c’est surtout voyager ensemble, dans le même camion de déménagement. Ce n’est pas parker l’autre dans un entrepôt. Je pourrais aussi comparer ça avec les chats. Lorsqu’on les enferme dans notre 3 1/2, ils grattent sur la porte pour sortir. Ils n’aiment pas être enfermés. Pourtant, dès qu’on les laisse sortir, ils reviennent. Ils ne cherchent pas une autre maison dès qu’ils ont le nez dehors. T’sais.

Je conclurais avec  ces sages paroles, qui ne viennent pas de moi : « Si tu aimes une fleur, ne l’arrache pas, parce que si tu l’arraches, elle meurt et elle cesse d’être ce que tu aimes. Si tu aimes une fleur, laisse-la aller. L’amour ce n’est pas de la possession. L’amour c’est de l’appréciation.»

[Source de l’image : Kelly Leigh]

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