Passer à autre chose

Je pensais que j’aurais envie de lire des articles qui parlent de divorce. Je pensais que ça m’aurait fait du bien, que ça m’aurait réconfortée de savoir que d’autres étaient dans la même situation que moi, que leur histoire ressemblait à la mienne, que nous pourrions ainsi partager notre douleur.

J’ai eu tort. J’ai souvent tort. La vérité, c’est que dès que je me suis mise à lire les mots des autres, j’ai été blessée. J’ai trouvé violentes les phrases remplies d’amertume, d’accusations, de regrets et de remords. Je n’ai pas eu envie de voir le divorce comme une chose laide et dangereuse, comme je n’ai pas eu envie de voir le mariage comme une chose uniquement merveilleuse et sans faille. Il y a toujours deux versions à chaque histoire.

Je me suis sentie malade quand j’ai réalisé que pour écrire la rupture, il fallait être en colère. Je n’ai pas envie d’être en colère. Comme si pour qu’un texte soit fort, il fallait sentir le craquement chez son auteur; comme s’il fallait le vivre avec lui. Je ne veux pas vous faire vivre ma rupture. D’abord, parce qu’elle est triste. Elle est le récit de deux personnes qui se sont aimées, et qui s’aimeront toujours, mais qui ne peuvent plus avancer dans le même sens. Pas de violence, de chicanes outre mesure, d’abandon; on ne se sera même pas rendus à jusque la mort nous sépare… Juste du drame quotidien, du tout petit drame qui devient grand, une fois de temps en temps, pour miner ce qu’il nous reste de bonne volonté. Une toute petite fissure qui ne nous dérangeait pas, au début, mais qui a fini par prendre toute la place. Ensuite, je ne veux pas vous faire vivre ma rupture parce qu’elle est à moi. Parce que c’est la dernière chose qu’il ne restera jamais de cette relation, de tous ces espoirs, de cette illusion, aussi.

Et pourtant, je suis là, à parler de ma rupture, encore. Comme si j’avais peur de ne pas en parler assez. Comme si je ne voulais pas que vous pensiez que je n’ai pas eu de peine. J’ai envie de crier que oui, j’ai eu de la peine. Que je pense en avoir encore pendant un bon moment. Que la douleur est vive, que j’essaie de lui laisser toute la place qu’elle a besoin pour s’exprimer.

La culpabilité, encore. Je me sentais coupable de ne pas être heureuse dans mon mariage; je me sens maintenant coupable d’être trop heureuse toute seule. Ben, coudonc.

Ainsi, les seuls mots qui me réconfortent, maintenant, sont ceux qui parlent d’autres choses. D’amour, de rêves, de voyages, de frissons, de gourmandises. J’ai envie de rire fort, de me trouver sexy, de m’envoler. Faque c’est tout, j’arrête. On s’entend tous pour dire que j’en ai assez parlé?

Je passe à autre chose.

 

[Source de l’image: Pexels]

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