Cette semaine, au boulot, j’ai remarqué que je n’avais pas de description de tâche. Ça veut dire que, depuis un an, mon travail n’est pas détaillé dans tous nos dossiers d’ordinateurs de bureau, qu’on classe sur un réseau que l’on appelle Partage, avec une attention minutieuse et (un peu) démesurée. Mon labeur quotidien ne s’expliquerait donc pas; je suis guidée par un mélange d’instinct et de consignes de supérieurs, sans vraiment savoir si je fais la bonne affaire ou pas.
Au début, j’ai ri.
Parce que j’ai souvent l’impression d’avoir aucune idée de ma mission. J’avance à tâtons, dans le noir, de reculons. J’expérimente, je teste, je recommence. Des fois, je me plante. Souvent, je réussis. Et c’est ce qui fait que, malgré mon manque de carte et de boussole, j’ai quand même droit à des high five, à la ligne d’arrivée.
Après, j’ai pensé à d’autres situations où il m’arrive d’émettre davantage d’hypothèses que d’affirmations, de m’excuser avant de poser une question plutôt que de déclarer mes nouvelles vérités. Des situations comme l’amour.
Je me suis vu aller depuis toujours en éternelle scientifique amoureuse. Je pèse, je mesure, je teste, je note, j’apprends de mes erreurs, je suis intelligente. Mais la vérité, c’est que je n’ai pas de plan. Personne n’a de plan. On se force, on se charme, on s’équilibre, on s’écoute, on recommence. Et un matin, on se réveille en se rendant compte que, même si on n’a pas de marche à suivre, ça fait plusieurs années que ça fonctionne. On réalise qu’on est même capables de nommer les moments forts de nos relations passées, de se pardonner nos mauvais coups, d’avoir de l’empathie pour ceux qui nous ont brisé le cœur.
Mon conseil pour toi, donc, c’est de ne jamais penser que tu as un plan à suivre. Il n’y a pas de date à laquelle tu devras absolument être matchée ni de moment parfait pour avoir des bébés ni de durée raisonnable avant de retomber amoureuse, même si tes amies te jugent de vouloir frencher le soir de ta rupture. Parce qu’il n’y a pas d’échéancier, de calendrier à respecter, de liste d’épicerie de qualités à chercher dans ton prochain Roméo. Il n’y a pas non plus de « toujours », de « jamais » et d’« infini » nulle part. C’est toi qui les inventeras, quand tu sentiras qu’ils doivent exister.
Pas de plan, pas de carte, pas de boussole. Juste ton coeur comme GPS, pis un réseau Wi-Fi actif partout, pour ne jamais te ramasser dans le champ. Ce réseau-là, si tu veux, il peut même s’appeler partage.
[ Source de l’image: Kaboompics]
