Autour du fourneau

J’adore Pinterest.

J’épingle ma vie sur des beaux tableaux imaginaires. À voir mon compte, on pourrait croire que je suis l’épouse parfaite : trucs pour prendre soin des bébés que je n’ai pas, astuces déco pour mon immense maison imaginaire, alléchantes recettes qui exalteraient les invités que j’aurais si j’habitais dans un appart plus grand. (Oui, même mariés, il reste des gens qui vivent en appart.)

Simples et faciles, ces recettes me promettent des médailles et surtout, le contentement de l’appétit de mon homme. Pourtant, chaque gâteau que je fais goûte la même chose que le précédent et mes muffins sont soit trop durs, soit trop mous. Disons que mon four me voit souvent sacrer. Je ne fais que des muffins et des gâteaux. Je me dis que même si la recette est ratée, on va la manger parce que ça goûte sucré. Betty Crocker n’était pas niaiseuse. Pire, je m’engage à faire des recettes pour des événements, genre : « J’avais pensé apporter des cupcakes à la fleur d’oranger pour ta fête! », ce qui a tendance à créer des attentes monstrueuses. Souvent, j’ai l’air de savoir de quoi je parle, sauf que je ne sais même pas c’est quoi de la fleur d’oranger, pour de vrai.

Chez nous, ce n’est pas comme ça que ça marche. Mon chum fait la cuisine et moi, le ménage. C’est sûr que des fois, je me dis qu’il faudrait bien que j’apprenne… La vérité, c’est que j’ai toujours géré la cuisine dans ma vie comme la natation : je ne suis pas une bonne nageuse, mais je ne me noierai sûrement jamais. Le crawl est pour moi un défi; je nage pour survivre, pas pour être cute.

Évidemment, toutes les femmes de ma famille se moquent de moi. Ils trouvent que François fait pitié, qu’il est obligé de cuisiner sinon qu’est-ce qu’on mangerait; on deviendrait maigrichons et blêmes! Sauf qu’en 2015, la réalité de la vie conjugale est différente pour tout le monde. Je n’ai pas de tablier fleuri par-dessus ma robe à crinoline et je n’attends pas mon mari avec un martini à 17h. Et si c’est lui qui cuisine, c’est parce qu’il adore ça. Je ne me réveille pas avec les joues étrangement roses et du gloss sur les lèvres. Je ne porte même pas de gloss.

Plus souvent qu’autrement, chez nous, on ne correspond pas aux stéréotypes des mariés du cinéma.

Le pire, c’est qu’on arrive quand même à être assez heureux pour sourire quand on se voit, le matin. Tsé.

[Source de l’image : Pink Kitchen par kiomeru]

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