La vie d’adulte

On a tous un moment dans notre vie où on se retrouve devant une impasse, soit on avance, soit on attend, soit on recule… Pour moi, ce moment s’est présenté le jour de la fin de mon baccalauréat. Finir ses études au 21e siècle, c’est comme faire une pause entre deux épisodes de Game of Thrones : pourquoi, donc?! Allez, GO, CONTINUE QU’ON SACHE LA SUITE! C’est alors que ça repart vers un autre épisode qui ne t’emmènera, au bout du compte, pas nécessairement plus loin.

Pour ma part, dès la fin de mes études, j’ai eu une grosse impasse phosphorescente avec des lumières-clignotantes-qui-font-tellement-mal-aux-yeux qui s’est présentée alors que je conduisais tranquillement sur l’autoroute de la vie : « TU ES UNE ADULTE, AWAIYE, QU’EST-CE TU FAIS?» Maudit.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, de ne pas savoir ce qu’il va se passer dans les prochains mois de ma vie, ça me fait sentir comme une petite fille avant de monter sur scène pour son premier spectacle de claquettes : j’ai peur, je sais pas trop, je veux ma mère pas trop loin qui me dit des « Allô » rassurants.

Comme je le voyais venir, une grande partie de mes collègues universitaires ont décidé de retourner aux études. D’autres ont décidé de s’acheter des condos et se faire une place, tranquillement pas vite, dans le monde du travail. D’autres ont décidé ou été surprises de tomber enceintes, et d’autres encore ont préféré choisir un chemin moins fréquenté : celui de travailler en région éloignée et, de surcroît, seule. Ouais.

Honnêtement, je n’ai jamais aimé être seule. Même lorsque j’étais jeune, j’avais de la difficulté à garder la maison seule; j’ouvrais toutes les télés, la radio, mon iPod, et je me cachais dans trois-quatre couvertures au cas où la maison déciderait de m’avaler. Avec le temps, j’ai réalisé que c’était de la fiction, mes idées de maison vivante, alors j’ai appris à faire ça comme une grande et à ne pas m’en faire avec la solitude. J’ai même réalisé que c’était pas mal LA chose la plus importante à apprendre à faire : être seule. Avant même de savoir comment utiliser un cellulaire ou fabriquer un meuble avec des palettes recyclées, faudrait qu’on nous montre un peu c’est quoi de se retrouver face à nous-mêmes, sans personne pour essayer de nous remettre à notre place. C’est pas si évident.

On se retrouve devant nos bébittes du passé et nos angoisses du lendemain, on se demande si quelqu’un sera là pour nous, un moment donné, mais tsé, pas juste là de temps en temps, tout le temps… La réalité, c’est qu’il n’y aura personne d’autre que nous qui pourra jouer ce rôle dans notre vie.

C’est là, alors que notre maman est loin et que nos amis prennent des chemins différents, qu’on réalise qu’on est devenu adulte.

[Source de l’image: Paysages mongoles par Galyna Andrushko]

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