Je pense que dès que j’ai su écrire, j’ai eu 100% dans mes dictées. Ma passion pour la langue venait en kit avec une qualité pas très cool; je corrige tout le monde, tout le temps. Je suis rigide et j’exagère.
Mon chum, lui, écrit au son; syntaxe, conjugaison et orthographe mangent une volée à chaque fois. Inutile de dire qu’il est ma principale victime, quand vient le temps d’écrire la liste d’épicerie sur le tableau noir de la maison. Ses fautes sont barbouillées à la craie blanche et on remarque tout de suite l’influence des Filles de Caleb sur ma vie; je me prends de plus en plus pour Émilie Bordeleau.
On avait décidé d’écrire nos propres vœux. (Les vœux, c’est la partie du mariage où tu souhaites secrètement que tous tes invités braillent de joie OU qu’ils pleurnichent devant leur vie amoureuse de marde. Peu importe le résultat, ce moment restera à jamais gravé dans la mémoire des matantes qui sentaient trop le parfum).
Concrètement, les vœux sont divisés en deux sections : celle où on décrit notre amour infini pour l’autre et celle où on promet des affaires.
On ne se dit rien, pour garder une petite surprise dans cette journée ô tellement planifiée au quart de tour. On a les mains moites, nos cœurs battent vitevitevite, notre célébrant nous donne le go. Tout le monde retient son souffle. C’est mon chum qui commence.
-« Dans la vie, il y a les tempêtes et les ouragaaaaannnsss…. », il pleurait déjà.
Au début, nos invités rigolaient devant autant d’émotion. Puis, nos parents ont commencé à s’essuyer les yeux. Le discours du marié était incompréhensible, mais son honnêteté était très claire. Il aurait pu rester muet, on aurait compris. Il était ému, le bel homme. Mon beau grand chum, aux yeux qui ont vu le vent, pleurait de joie à notre mariage.
Le lendemain matin, post-prod en buvant notre café, j’ai relu ses vœux.
Pis pour la première fois de ma vie, j’ai pas vu les fautes.
[Crédit photo : Erica Fkiaras]
Sérieux, wow.