Le jour de mon mariage, j’étais nerveuse.
Je me suis sentie comme quand j’ai reçu mon premier compte Mastercard. Je comprenais comment je m’étais rendue là, mais je ne me considérais pas encore comme une adulte responsable.
J’ai eu beaucoup de chums dans la vie. Je suis tombée amoureuse du petit gars rebelle en maternelle, du gêné en première année, du plus populaire au secondaire, de celui qui me faisait rire au cégep, d’un comédien à l’université… Et de tous les autres qui ne se sont pas démarqués.
Y’en a qui disaient que j’étais amoureuse de l’amour, que je passais trop de temps à courir après les garçons, que je devrais être toute seule, pour une fois. Mais c’était plus fort que moi. J’ai même commencé à écrire « persévérante » comme qualité dans mon CV.
Mes amis me jugeaient, ma famille me jugeait, mes grands-parents s’inquiétaient… Jusqu’au jour où je leur ai présenté celui qui deviendrait mon mari. Tout le monde ca-po-tait : il était parfait, beau-grand-fort, juste assez hippie et surtout, il avait l’air sérieux (critère essentiel pour tous les papas). Le hic, c’est qu’avec le temps, j’étais un peu devenue la petite fille qui criait au loup. Tout le monde la trouvait too much, elle, non? Les sceptiques plissaient les yeux en levant un sourcil.
Pis un jour, on a annoncé à ma famille qu’on se mariait, pis le Ah! de soulagement était tellement puissant qu’il m’a rassurée, moi aussi. Enfin, le boutte du boutte, la fin des crises de larmes au téléphone avec des gars qui ne comprennent fuck all de ce que je ressens. Mon dénouement de contes de fées.
Aujourd’hui, ça fait quatre mois qu’on est mariés. Et ça me rend heureuse.
Mais on va se dire les vraies affaires.
Je n’ai pas encore fini de payer les niaiseries que j’ai achetées avec ma carte de crédit le lendemain de mes 18 ans. Je ne suis pas encore une adulte responsable.
Pis même si physiquement, le mariage ne change pas grand-chose…
J’ai l’impression d’avoir gagné le premier prix.
[Crédit photo :Linda Beaulieu]
