Ne pas croire au destin

Je ne suis pas une personne spirituelle. Je ne sais pas si la spiritualité est absente de mon ADN, si je l’ignore depuis toujours ou si je me juge là-dedans, mais pour l’instant, ce n’est tout simplement pas moi. Je ne crois donc pas au destin, aux chakras, aux énergies, aux anges, à la couleur de mon aura. Je n’ai pas d’animal totem, de bague qui change de couleur avec mes émotions ou de tatouages vaudou.

Quand je rencontre quelqu’un, je ne me dis pas « qu’on était dus pour se rencontrer ». Tous les jours, je prends le même chemin, long et illogique, jusqu’au travail, parce que c’est le plus beau, pas par superstition. Je n’ai jamais dit « il n’y a rien qui arrive pour rien » ou encore, « je lance ça dans l’univers ». Je ne lance rien dans l’univers, pas parce que je le trouve niaiseux, l’Univers, mais parce que ça m’inquiète beaucoup que tout le monde reçoive ce qu’il demande au ciel, tout le temps. La loterie de l’univers me fait peur.

Ainsi, j’ai aimé des gens bien différents, qui n’avaient aucun lien entre eux (puisque selon moi, les gens ne sont pas tous des frères et soeurs cosmiques). Par exemple, je suis déjà sortie avec des candidats idéaux pour fonder l’avenir dont je rêvais. Ils provenaient de familles très différentes de la mienne, ce qui m’apparaissait comme un atout. Je souhaitais que mes futurs enfants puissent choisir ce qui leur plaisait, parmi nos propositions distinctes. Ils étaient parfaits.

Plus tard, je suis tombée amoureuse, en un instant. Un clin d’oeil de trop et ma barque avait chaviré. L’amour, grand, vrai, pas pour les peureux! Des promesses d’éternité auxquelles on croit, en se moquant bien de demain; un nouveau début qui semble tellement fort à la seule lumière de notre fusion. Un genre de bonheur d’enfant, rempli de je te le jure, débordant de regards complices. La complicité, ça s’invente, chers amis. Et c’est tant mieux.

Je pense que ces deux types de relations avaient autant de potentiel de long terme. Oui, oui! Je suis convaincue que les sentiments peuvent s’équivaloir, s’ils partent de l’endroit le plus sincère de la terre : l’espace entre tes épaules et ton nombril. Y’a comme un triangle, là. C’est là. Exactement là.

Cette parcelle de ton corps en voit des affaires.

C’est elle qui sait quand tu as trop fait l’amour, parce que ça te tire un peu, en dedans. C’est elle qui te rappelle que se nourrir d’amour et d’eau fraîche, ça manque de protéines. C’est aussi elle qui te crie fort quand tu as dépassé la limite de ce que ton corps peut endurer, en amour comme ailleurs. Il faut que tu écoutes ce triangle.

Je ne suis pas une personne spirituelle. Je ne crois pas que mon destin est tracé d’avance ni que des gens sont placés dans ma vie et qu’ils m’attendent, sagement, pour m’apprendre une leçon.

Mais je crois au triangle.

[Source de l’image: Where Wonder Happens par Eddi van W.]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *