Dans la tête d’un TDAH

J’ai toujours écrit des textes sachant que personne n’allait les lire et que ça resterait dans ma petite forteresse. Aujourd’hui, c’est une première pour moi, je sors un texte à la lumière du jour et je me mets totalement à nu. C’est presque un exploit pour moi et mon grand orgueil de gars super masculin… Ou pas, mais là n’est pas le point.

Ma vie est chamboulée chaque jour par de multiples péripéties qui s’empilent les unes par-dessus les autres. Ma vie, c’est comme un film de James Bond, ça bouge tout le temps, ça pète de partout. Tout ce qui manque, c’est une couple de pitounes pis BAM!, direction Hollywood. Si seulement c’était si facile que ça. Non, dans mon petit trois et demi de Saint-Hubert sur la rive sud de Montréal, je dois composer avec un copino qui se balade dans ma tête. Les scientifiques lui ont donné le joli nom de TDAH, mais moi je préfère l’appeler George. Ne pose pas de questions, je suis fucké! Chaque jour, c’est un combat entre moi et ma tête. Si moi, je décide que je me fais des toasts, mais que par malheur, ma tête propose d’aller ranger mes livres en ordre alphabétique, c’est bien poche, mais il va falloir mettre du beurre de peanut en titi pour masquer le goût de carbonisé parce que pas question de jeter deux tranches de bon pain quand t’as un salaire d’étudiant! Vous allez me dire que j’ai juste à me concentrer sur une chose à la fois, que ce n’est pas si compliqué de rester focus pour dix minutes sauf que moi, comparé à toi, quand je vois une mouche se promener dans la maison, je dois absolument savoir où elle s’en va, ce qu’elle va faire. Tu ne sais pas, peut-être qu’elle détient le secret de la Caramilk…. Je divague. Le point, c’est que mon cerveau a toujours 70 000 idées en même temps et que je dois m’arranger pour focuser sur une seule à la fois. Comme tout plein d’autres étudiants, je dois redoubler d’efforts pour ne pas perdre le fil en classe ou quand je fais mes révisions, le soir.

Il y a des bons points aussi : tu ne t’ennuies jamais, même quand t’es tout seul, parce que nous, les TDAH, on fait preuve d’une créativité légendaire pour s’occuper. Je vais te donner un exemple : l’autre jour, j’écoutais mon émission préférée (du moment), et il y avait ce gars qui était capable de crocheter la serrure pour rentrer chez sa victime. Le copino qui chill dans ma tête a décidé que ça serait super cool et utile d’apprendre à savoir faire ça! Huit vidéos YouTube, dix trombones et deux heures trente de mon temps plus tard, je suis dans le corridor en train d’essayer d’entrer par effraction dans mon propre logement. Est-ce que ça va me servir dans la vie? Non! (Enfin j’espère!) Est-ce que c’était nécessaire? Absolument pas. Mais j’ai eu du fun pendant deux heures trente.

Si je te parle de ça aujourd’hui c’est parce que je me rends compte que peu de personnes comprennent comment c’est, pour nous les TDAH, chaque jour. Les tâches aussi anodines que se préparer le matin avant de quitter la maison ou écouter quelqu’un te parler… Ce n’est pas qu’on s’en fout de ce que tu dis, c’est juste que l’environnement autour de nous est une distraction, et on veut donner de l’attention à tout en même temps. On n’est pas plus faibles ou malades, on est simplement faits différemment. On voit le monde d’une autre façon, car on le voit au complet en même temps.

Je suis TDAH et je suis fier de dire que j’ai appris à vivre avec.

 

[Source de l’image: www.marieandreelemire.com par Marie-Andrée Lemire]

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