Amour, je ne crois plus en toi

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’enfants et pas d’hypothèque qu’une séparation ne fait pas mal. Entre incompréhensions, colères et grandes joies, Gabrielle tente de comprendre et de mettre en mots les différentes étapes vécues lorsque deux personnes se quittent. Nouvelles amours, grandes peines et remises en question, tous ces stades tendent vers un seul et même but – celui qu’on rêve tous d’accomplir : trouver le bonheur.


Stade 3 : La désillusion

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D’aussi loin que je me souvienne,  je me suis toujours imaginée – plus tard – mariée et comblée de bonheur, entourée de mes deux ou trois enfants et vivant dans une grande maison de campagne, bordée de pivoines blanches et roses. Je me voyais ouvrir mes yeux verts lentement, le matin, et y trouver les yeux brillants d’un mari comblé, qui m’aurait préparé des pains dorés servis au lit sur un plateau de bois. Un homme qui m’aurait chuchoté des « je t’aime » ici et là, en le pensant vraiment.

Mais l’autre jour, en me réveillant seule dans mon lit de ville, j’ai réalisé que mon étincelle de Disney s’était éteinte. Juste de même. Sans me prévenir. Peut-être que j’ai trop vu ou entendu d’histoires, mais tout d’un coup, la magie était partie. Il faut dire que ces derniers jours, j’y ai pensé en ‘ta, à l’amour. J’ai rejoué le film de mes trois dernières années passées en couple mille fois dans ma tête, en essayant de comprendre ce qui s’était brisé, au passage. J’ai écouté du Florence and the machine à la tonne, parce qu’elle, elle me comprend. You can’t chose what stays and what fades away.

Est-ce qu’on peut choisir, en fait? Est-ce qu’on peut décider d’aimer la même personne, pour toujours? J’ai des amis – des gars – qui m’ont dit qu’après un certain âge, les hommes avaient le besoin primal de retrouver leur masculinité, en allant vers des femmes/hommes plus jeunes. Il faut surtout pas que le grand chasseur se sente émasculé, t’sais. Donc nous, les filles, on serait condamnées à devenir les amies, les compagnes de vie, les filles pu-attirantes-parce-qu’elles-ont-eu-des-enfants pis qu’elles ressemblent plus à Candice Swanepoel? Je suis traumatisée. J’ai peur. Et je suis déçue.

Oui, l’Amour, tu me déçois. À un tel point que j’en viens à douter de ton existence. J’ai l’impression que le choix est rendu tellement abondant qu’on sait pu trop quand on doit arrêter de chercher. J’ai l’impression qu’on cherche le perfect deal, le plan A, mais qu’on n’est pas prêt, nous, à faire des concessions. J’ai l’impression que la technologie et nos standards de beauté ont tué l’amour.

Peut-être que je suis juste blessée, aussi, et que j’ai trop peur d’y croire encore. Trop peur de me réveiller d’un long rêve, rempli de projets et d’avenir criant d’espoir, et de me retrouver brisée, comme maintenant, une autre fois. Parce que tomber en amour, c’est prendre un méchant risque. Le risque de se faire démolir le cœur ou de briser celui de quelqu’un. J’suis rendue cynique, comme une version féminine de Frédéric Beigbeder. « L’amour est un combat perdu d’avance », qu’il dit et je commence avec réticence à y croire.

Parce que maintenant, quand on me dit « je t’aime », j’ai envie de répliquer « pas pour longtemps ». Parce que maintenant, quand on me dit « t’es belle », j’ai aussi envie de répondre « pas pour longtemps ». Et même quand les fins de semaine sont parfaites et que les planètes sont littéralement alignées– allô Jupiter et Vénus – y’a une petite voix dans le fond de ma tête qui me dit de ne pas trop y croire. De ne pas trop me laisser aller. De ne pas trop me perdre dans ton regard d’océan. De ne pas trop rêver de voyages en Corse et d’amour nus sur le sable. De ne pas trop vouloir toucher tes mains, ton visage, tes lèvres… Mais je le fais un peu, quand même, et j’m’en veux d’être fondamentalement si naïve.

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