Après la tempête

Un couple que je chérissais s’est séparé, récemment, et ça m’a fait de la peine. Je ne les connaissais pas personnellement, mais c’était tout comme; j’avais lu leur histoire et, comme des millions de lecteurs, je l’avais apprise par coeur. J’avais utilisé le récit de leur amour pour me consoler, me donner espoir et me rappeler d’y croire encore, dans les moments les moins reluisants.

Il y a un drôle de phénomène qui se produit lorsqu’on approuve quelqu’un ou quelque chose tellement fort, avec toutes les cellules de notre corps : on se l’approprie. Cette nouvelle chose fait partie de nous, on l’assimile, on l’avale. Une fois digérée, cette chose nous ressemble tellement qu’il est difficile de différencier qui de nous était là avant elle, nous ne formons qu’un. Et nous avançons ainsi, ne remettant jamais en question sa présence dans notre corps; nous sommes rassurés. Jusqu’au jour où quelque chose change et que nous devions retrouver en nous ce petit morceau étrange afin de l’analyser à nouveau.

Pour moi, ça a été en pleurant un bon coup. Évidemment, je savais bien que le mariage de deux personnes m’étant inconnues ne devrait pas influencer autant ma vie… Mais je suis du type qui aime se laisser inspirer des autres, autant dans le positif que dans le négatif. Je pense que nous vivons tous les mêmes affaires et qu’il suffit de se retrouver parmi ses semblables. Alors j’ai pleuré. J’ai pleuré la rupture de gens que je ne connais pas parce que ça m’a fait penser à ma vie. J’ai pleuré parce que j’ai eu peur de ce qu’il y aurait après, pour eux, autant que pour moi. Parce qu’il y a eu rupture, ici aussi, même si on est encore ensemble. Mais qu’est-ce que ça veut dire être ensemble, quand on vit séparément? Si la première personne à qui je parle le matin et la dernière personne à qui je parle le soir n’est pas toi, sommes-nous encore ensemble? Comment trace-t-on la ligne entre ensemble et séparés, quand il n’y a plus de papier de construction sur lequel dessiner?

Elizabeth Gilbert et son mari ont décidé de se séparer et moi, je ne vis plus avec mon mari. Il me semble qu’il y a eu un tremblement de terre et que le calme est revenu, mais pas comme avant. Le calme d’après-tempête, celui qui inquiète et apaise à la fois. Je ne vis plus avec mon mari et pourtant, je suis heureuse. Je respire encore. Je souris tous les jours.

 La seule chose plus impensable que de partir était de rester; la seule chose plus impossible que de rester était de partir.  (Elizabeth Gilbert, Mange, prie, aime)

[Source de l’image: Pexels]

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