On danse chéri?

Tsé, quand je me couche sur sa poitrine, le temps ralentit.

Et comme par miracle, pour quelques instants, je me sens ancrée dans le moment présent – enracinée. C’est rare ça, ces temps-ci. Je dois vous avouer que j’ai tendance à avoir l’esprit et les idées plutôt disparates et dispersées.

Quand il pose la main sur mon cou, je fonds. Je me sens rassurée, calmée, en toute sécurité.

Lorsqu’il effleure ma taille je me sens éveillée, désirée, séduisante.

Et puis quand il me fait danser dans la cuisine, je me sens légère,  jolie, confiante.

Mais mon doux que notre amour m’inquiète parfois, me chicote, me terrifie.

J’ai peur de décevoir, j’ai peur des mauvaises décisions, j’ai peur de faire mal, j’ai peur d’avoir mal, j’ai peur de son impatience, j’ai peur des grosses étapes à franchir, j’ai peur de moi-même, j’ai peur de nos différences et j’ai peur de vivre une vie sans lui.

C’est déchirant. C’est épuisant. C’est terrifiant.

J’suis comme confuse, tu comprends ?

Alors. On fait quoi maintenant ?

« On peut-tu en parler demain matin, chéri ? »

C’est ce que j’lui dit.

« Je suis bien là, à danser avec l’oreille collée sur ta poitrine, à écouter l’univers se calmer et se centrer. La frénésie est passée. Oublie tout ça, oublie ce que j’ai dit – j’ai trop peur d’être sans toi. T’es rendu un peu comme ma doudou toi, tsé ? »

On tourne en cercles lents dans le salon ou on s’improvise quelques pas de swing autour de la table de cuisine. Malgré son apparence nonchalante, elle est toujours un peu tyrannique, notre danse. Cruelle, confuse et mal communiquée.

Nos moments de synchronicité sont beaux, élégants, sans effort… mais à chaque quelque pas, on s’enfarge, on se pile sur les pieds, on refuse de se laisser mener et la danse devient lourde, maladroite et pénible. On n’entend pas la même mélodie. À la base, on connait les même pas – mais nos différentes mélodies en viennent à nous étourdir.

Finalement, on retrouve le pas et on s’accorde. C’est normal. Le retour au calme, à l’euphorie.

Malgré tout…on oublie vite les petits ecchymoses au cœur et les coups d’émotions à l’estomac lorsqu’on se laisse danser dans la cuisine.

 

[Source de l’image: Chasse-Danse par Sarah McMahon-Sperber]

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