On a tous eu un ex qui sentait le parfum

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Hier, dans le métro, il y avait quelqu’un qui sentait comme un gars que j’ai déjà aimé et ça m’a rendue nostalgique.

Cet inconnu a ravivé dix mille de mes souvenirs et une bouffée de chaleur dans tout le corps.

« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray ma tante Léonie m’offrait. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à porter sans fléchir l’édifice immense du souvenir. »  – Marcel Proust, Du côté de chez Swann, À la recherche du temps perdu

J’ai toujours trop chaud dans le métro, mais non, ce n’était pas que ça. Je vivais un vrai flashback.

Vous ne vous rendez pas compte de l’impact d’un ex sur votre vie jusqu’à ce que vous croisiez quelqu’un qui porte le même parfum que lui. Ce genre de situation m’a déjà complètement shakée. J’ai revisité des relations entières assise dans l’autobus, au musée, en servant des clients au resto.

Évidemment, je ne me souvenais jamais des chicanes ni de la raison de notre rupture. C’était les éclats de rire, les regards complices et les premières fois qui me manquaient : la première fois qu’on a serré nos mains moites, la première fois qu’on a dit la même chose en même temps, la première fois que j’ai vu ses parents, ses amis… D’entre tous, ce sont ces moments qui me manquaient des relations passées.

Hier, dans le métro, il y avait quelqu’un qui sentait comme un gars que j’ai déjà aimé et quand je me suis retournée, ce n’était pas lui. C’était un autre, un inconnu. Celui qui a déjà été ma personne préférée n’est-il pas unique? Plongée dans le noir, aurais-je cru que c’était bien lui, mon ex?

Je n’ai jamais croisé d’inconnus qui sentaient comme mon mari. Il n’existe que pour moi, en un seul exemplaire, d’une seule façon : vrai, grandiose, unique. Au début de notre relation, je lui ai demandé : « Pourquoi tu ne portes pas de parfum? Parce que je n’en ai pas besoin. »

C’est à ce moment précis que j’ai appris que celui qu’on aime, le seul, n’aura jamais de double. Aucune copie n’arriverait à me convaincre.

Même dans le noir, les yeux bandés.

[Source de l’image : 1000 smells par Eibatova Karina]

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