Là, devant toi, prise au dépourvu, je reste sans voix. Comme si c’était la question la plus difficile que tu m’aies posée. Chaque fois, j’ai le cœur et le cerveau qui s’affrontent en duel. Un douloureux un contre un pour savoir qui devra tenter une réponse. Une troisième guerre mondiale qui éclate dans mon intérieur.
« Dis-moi, pourquoi tu m’aimes ? »
Je fonds. Je panique. J’angoisse. Je veux te répondre la plus belle chose que tu n’aies jamais entendue. Je veux que mes mots fassent briller tes yeux, enflamment ton cœur et disent à tes bras de me serrer encore. Pour l’éternité.
À la place, je me tortille dans tous les sens devant ton regard incertain. Je couine et pousse des sons jusqu’alors inconnus de la race humaine. Et je finis par te baragouiner un quelque chose dans le genre…
« Ben… parce que je t’aime, mon amour !»
Quelle réponse décevante. Bravo, fille. J’ai le cœur et le cerveau qui m’applaudissent de l’intérieur.
Mais, sache qu’il est vrai qu’il est difficile de te répondre. Parce que je veux t’offrir une vraie réponse. Une réponse digne de l’amour que j’ai pour toi. Tu mérites plus que des simples « ben-parce-que-je-t’aime » ou des « parce-que-je-t’aime-gros-comme-l’univers ». En fait, c’est difficile parce qu’il y a trop de raisons pourquoi je t’aime.
Je t’aime parce que ma maladresse arrive à se sentir séduisante sous les regards charmés que tu lui lances.
Je t’aime parce que le matin avant de partir travailler, tu restes planté là, debout à côté du lit, à te brosser les dents en me contemplant dormir. Et, même si je me trouve dans une position non gratifiante, la bouche grande ouverte et la couette du dodo tellement défaite que ça me donne une tête à la Gene Simmons, je t’entends crachoter à travers ta mousse Sensodyne : « T’es tellement belle mon amour ! »
Je t’aime parce que tu me trouves belle dans les moments les plus inusités. Les moments où, selon moi, je suis à mon pire. Je t’aime parce que tu m’aimes à mon naturel, et ça m’apprend à m’aimer pour de vrai. Un peu plus chaque jour.
Je t’aime parce que je suis fière de raconter notre histoire. Parce que je trouve que c’est la plus belle de toutes. Notre histoire, c’est un film d’Hollywood dans ma tête que j’aime écouter en boucle.
Je t’aime parce qu’avec toi, je vis le moment présent. J’ai cessé de courir après la Vie. De courir toujours très vite aux côtés du train du quotidien pour être certaine de ne manquer aucun wagon. Maintenant, je les laisse passer ces wagons de « faut-absolument-s’acheter-une-maison-avant-30-ans-et-faire-des-enfants-avant-qu’ils-ne-soient-tous-débiles », ces wagons de « faut-faire-ci-et-ça-avant-qu’il-ne-soit-trop-tard ». À la place, je me contente d’en prendre un de temps en temps. Je le prends, comme ça, sans presse, et je profite du voyage. Je me laisse transporter par ce wagon et savoure les moments passés avec toi.
Je t’aime parce que tu me permets d’être moi. Celle que j’avais perdue et que j’ai enfin retrouvée.
Je t’aime parce que j’ai parfois l’impression d’apercevoir le reflet de mon âme dans la tienne. Comme s’il y avait une part de moi en toi. Comme s’il y avait toujours eu un nous, quelque part. Comme si nos atomes ont toujours été crochus dans cet univers. Parce que nous réussissons à communiquer sans échanger de mots. Parce qu’avec un simple regard, nous pouvons nous esclaffer pendant de longues minutes à en pleurer. Parce qu’avec toi, je préserve mon cœur d’enfant.
Je t’aime parce que tu es celui qui a su être patient. Celui qui a su rester là, jamais bien loin. Celui qui a attendu sagement que je repasse sur son chemin, le cœur moins amoché, prêt à m’aider à le réparer.
Je t’aime parce qu’être avec toi me donne l’impression d’être précieuse. Chaque regard que tu me jettes est une décharge d’amour dans mon abdomen. Parce que je me sens bien. Parce que je me sens aimée. Je ressens le droit d’être là, à tes côtés, à t’accompagner sur ta route en asphalte. Parce qu’ensemble nos routes ne sont maintenant qu’une grande autoroute.
[Source de l’image: Heart par Ben_Kerckx]
